Absences d'Anton
Artiste né à Athènes, vivant et travaillant à Paris, Anton présente sur les murs de la Galerie Sit Down quelques-uns de ses travaux récents. Dessins millimétrés de sous-bois, silhouettes diaphanes photographiées dans la pénombre, autant d’images apparues sur l’émulsion photographique dont les aspérités du papier fourniraient des indices, comme une énigme chimique, rien qu’une énigme chimique.
L’œil voit, lui, des histoires : scénarios tacites qui lient une ombre et une branche, les rendant sœurs de scène ; manteau délaissé sur un bord de plage, ou ramené sur la rive par le ressac ; cabanes abandonnées, peut-être jamais habitées.
Anton creuse et dénude ses images pour mieux faire éclater leur sens : certaines ont été projetées, re-photographiées, reflétées avant de réapparaître ; d’autres ont changé de propriétaire, trouvées au fond d’une caisse de vieux films. Mais toutes finissent leurs courses, morcelées et statiques, sur un papier photographique. “Ce sont deux amoureux dans la neige “, dit Anton. On imagine pourtant une série noire, fin funeste où les corps vivants sont déjà les traces de leurs futures absences.
Le film s’est arrêté à l’image, il n’y a pas de fin à l’histoire du couple mais ils existent encore, fixés par la chimie à leurs destins de papier, d’icônes sur le mur d’Anton qui raconte. Plus là mais vivants couchés.
Saskia de Rothschild