7e édition du Printemps de la typographie
L’édition 2016 du Printemps de la typographie se propose de voir le blanc dans l’écriture et alentour. Voir le blanc, c’est l’expédient commode pour ouvrir le champ de la langue à un espace qui ne lui est pas d’emblée familier : l’espace précisément. En l’occurrence, plus prosaïquement, l’espace matériel d’un support. Voir le blanc dans ces conditions, c’est une façon de soustraire la conscience humaine à la mainmise autoritaire, transmise de génération en génération, de la langue sur l’écriture. Le blanc s’affiche, tel un préalable riche d’avenir. Si l’on considère en effet qu’il est là de toutes les façons, avant toute intervention de la part d’un scripteur, auteur, typographe, graphiste, il a la capacité de produire une prise de conscience chez ce scripteur, tout comme ensuite chez son récepteur d’ailleurs, pour peu qu’ils le laissent oeuvrer dans toute sa mesure. À la façon d’une promesse, il incarne une forme généreuse de pérennité tangible, celle de la matérialité du support de l’écriture ainsi que de la distribution spatiale de ses paramètres. Voir le blanc, c’est ainsi l’occasion de vivre une sorte d’épiphanie concrète de l’extraordinaire comme de l’ordinaire, au cours de laquelle tout élément fait événement. Voir le blanc, c’est aussi pour nous, bien sûr, nous offrir les moyens de faire advenir le règne de la discontinuité et de l’intervalle. Générateur de constellations, de liens, d’enchaînements, de sauts, de jonctions, de saisies globales ou partielles d’unités, de segments, de blocs, le blanc figure une épaisseur conceptuelle qui sans cesse interpelle le regard. Voir le blanc, c’est nous permettre enfin d’appréhender et d’interroger en même temps un dispositif souvent complexe d’éléments hétérogènes dont l’agencement spatial paraît presque naturel aux contemporains alors qu’il est en réalité le fruit d’un savoir-faire ancestral, d’une maîtrise professionnelle longue à acquérir et dont le propre est parfois de sembler vouloir disparaître dans l’accomplissement réussi de son exercice.
Programme des conférences :
Jeudi 10 mars
9h30 Ouverture Philippe Barbat , Directeur de l’Institut National du Patrimoine, Annie-Claude Ruescas, proviseur de l’école Estienne, Philippe Buschinger, Franck Jalleau, Raphaël Lefeuvre, organisateurs
10h Sébastien Pluot, White Noise
11h Yolaine Escande, Les jeux du blanc et du noir dans la calligraphie et la peinture chinoises
12h Claire Bustarret, Le blanc révélateur : étudier le papier pour comprendre les processus d’écriture
14h30 Sandrine Nugue, La lettre et la lumière, de la gravure au numérique
15h30 Fred Smeijers Stenciled Letters : from Serious to Fun (conférence en anglais)
16h30 Martin Violette, Le geste de l’empreinte
Vendredi 11 mars
9h30 Marc Smith, Avant la typographie, petite histoire du blanc
10h30 Anne Zali Emmanuël Souchier, Écarts de lecture, les pouvoirs du blanc
14h Intermède, Les blancs célèbres par Camille Scalabre
14h15 Présentation du workshop à l’Atelier du livre et de l’estampe de l’Imprimerie nationale par les étudiants de première année du DSAA Design typographique de l’école Estienne
15h Céline Jobard Occurrenza, la couleur des langues
15h30 Philippe Millot, Paysages et Natures mortes
Inscriptions sur www.ecole-estienne.fr
Les conférences ont lieu à l'institut national du patrimoine, Auditorium Colbert 2, rue Vivienne 75002 Paris