GLAZE Am Nuden Da, Carl André, Josh Blackwell, Marc Camille Chaimowicz, Dan Coopey, Edward Cotterill, Timothy Davies, Nicolas Deshayes, Tomas Downes, David Douard, Luca Francesconi, Ryan Gander, Anthea Hamilton, James Iveson, Kate Owens, Sara Mackillo
La Galerie chez Valentin présente du 7 juin au 28 juillet 2012 le second volet de l’exposition collective «
Glaze» dont l'artiste anglais George Henry Longly est le commissaire. La première édition de « Glaze » s'est
déroulée à Londres à la galerie Bischoff/Weiss à l'été 2011. Elle s'incarne à Paris dans un nouveau format avec de
nouvelles oeuvres et un nombre élargi d'artistes.
« Les utopies, ce sont les emplacements sans lieu réel. Ce sont les emplacements qui entretiennent avec l'espace réel
de la société un rapport général d'analogie directe ou inversée. C'est la société elle même perfectionnée ou c'est
l'envers de la société, mais, de toute façon, ces utopies sont des espaces qui sont fondamentalement essentiellement
irréels. » Michel Foucault, Des Espaces Autres, 1967
Glaze met en jeu un choix orchestré d'oeuvres qui, rapportées ensemble, interrogent le pouvoir du contexte à la fois
implicite et construit, agissant comme un filtre qui détermine et influence notre regard.
« Glaze » explore les effets du contexte physique, architectural et ambiant sur les oeuvres d’art dans la manière dont
chaque artiste façonne son propre environnement à travers ses oeuvres. Si ces contextes peuvent être envisagés
comme un « vernis » au travers duquel nous voyons les oeuvres d'art, ce titre indique également l'attention prêtée
aux détails de surface, de décor, de patine portée par notre regard. Chacun des travaux des artistes se confrontera
réellement à la dimension physique de l’espace de la galerie ; les murs directement tirés à parti, les objets placés en
relation directe les uns aux autres, chacun dans leur espace propre; sols, murs et plafonds investis. Inscrite quelque
part entre les principes de l’Hétérotopie de Foucault et la pensée minimaliste, « Glaze » est l'opportunité d'une
interrogation sur les sphères du privé, du public, du social, du culturel dans l'espace "utile" – lorsque la
fonctionnalité première de l'objet est niée ou déplacée par l’intervention de l’artiste.
Initiée originellement et développée depuis l'idéal porté par le travail des artistes minimalistes des années 60,
«Glaze» prend conceptuellement pour point de départ la sculpture au sol de Carl André « Glarus Brass 11 rectangle
Row » de 2007. Fabriquée dans un cuivre industriel et placée délibérément à même le sol - désacralisée de fait,
plutôt que placée sur un socle - elle constitue un tournant significatif dans la manière d'envisager la question de la
hiérarchie dans les objets d'art. Cet unique et simple geste constitue un précédent déterminant dans la manière
spécifique dont on le pratique aujourd'hui et que tous les artistes présents dans «Glaze» développent de différentes
manières dans leurs pratiques respectives.
Le second volet de cette exposition est l'occasion de construire à partir des idées présentes dans la précédente édition,
et d'aller au-delà d'une recherche analytique sur le contexte de la galerie pour soulever un questionnement sur « le
mode de vie » et la fonctionnalité de l’oeuvre d’art : qu’attendons-nous d’une oeuvre d’art et quel rôle peut-elle jouer dans notre vie quotidienne ? La galerie devient un terrain de jeu pour ces idées, elle est vue par le commissaire
comme un espace modélisé par ses besoins : l'espace domestique devient un point de référence symbolique à partir
duquel les oeuvres sont présentées.
La présence nouvelle dans « Glaze » de la « Coiffeuse » de Marc Camille Chaimowicz («Coiffeuse (peut-être pour
adolescent)», 2008) est une clé des changements de cette édition et donne le ton stylistique de l'exposition. Comme
un travail posé quelque part entre nos préoccupations sur le sens de nos productions à usage domestique et l'objet
d'art, la forme hybride de cette esthétique décalée apparaît dans la galerie comme un alien, faisant basculer le regard
du spectateur sur l'espace qui l'environne et plaçant toute l'exposition dans cet équilibre instable.
Ce travail, comme la sculpture au sol de Carl André, explorent, dans différentes approches de l'objet d'art, le contexte
domestique et public des espaces, et, au-delà des différences formelles qui les séparent, sont engagées conjointement
dans une réflexion sur la hiérarchie et le statut des objets.
Le mobilier est un thème récurrent et signifiant de cette seconde édition et une attente directe d’ancrer l’exposition
dans la question du quotidien. La « Leg Chair » d’Anthea Hamilton (« Leg Chair. Room with a view », 2009)
entretient une relation directe avec la coiffeuse de Chaimowicz. Envisager la fonctionnalité d'apparence de cette oeuvre
est plus complexe et laisse le spectateur dans un questionnement sans fin quant à son statut. L’oeuvre consiste en
une chaise faite d’une paire de jambes ouvertes en plexiglas reprenant celles de l’artiste, invitant curieusement le
visiteur à « activer » l’oeuvre, l’intimité de l'oeuvre déplaçant pourtant avec désinvolture et succès l’attention vers
le spectateur lui-même.
Les toiles libres des artistes Support-Surface Patrick Saytour et Claude Viallat (« Pliage Rayé », 1969 et « Sans
Titre », 1976) ne sont pas seulement présentes dans l’exposition – en ce qu'elles couvrent littéralement des murs de
la galerie - mais dans une méthodologie utilisée par George Henry Longly pour questionner les paramètres physiques
et la surface de la galerie – au travers de l'utilisation des motifs et des structures qui les caractérisent. Longly désire
mettre en relation la philosophie de Support-Surface, un mouvement qui ne se caractérise pas par un style précis mais
plutôt par l’idée l’une abolition de la hiérarchie entre les matériaux, le geste créatif et la finalité de l’oeuvre.
Considérant l'aspect éphémère du mouvement, son importance historique est questionnée dans cette exposition. En
considération du traitement à l'égal du sens et du matériau, Support/Surface est véritablement en dialogue avec la
génération actuelle des artistes notablement le travail de Matthew Smith, Josh Blackwell, Sara Mackillop et Kate
Owens.
Glaze propose au public, sans thématique prévalente ni point de vue unique, plutôt qu'une série de questionnements
ou de préoccupations en lien, une sélection d'oeuvres précises qui, tout en conservant très certainement leurs
individualités dans la juxtaposition avec d'autres travaux, deviennent quelque chose de nouveau voire d'inattendu.