DACIA

La Galerie Commune
Exposition
Arts plastiques
École supérieure d'art du Nord-Pas de Calais / site Tourcoing Tourcoing
« Dacia » est l’ancien nom du territoire de la Roumanie actuelle. L’arrivée du communisme en 1945, puis sa chute au début des années 90 ainsi que l’entrée dans l’Union Européenne en 2007 constituent des dates clés de l’histoire politique, sociale et territoriale du pays. Les artistes de l’exposition, nés dans les années 70, rendent compte de ces changements et de la complexité de la situation actuelle à travers des vidéos et diverses installations. Commissaire de l'exposition : Christelle Manfredi

Complément d'information

L'exposition « Dacia » rassemble cinq artistes de la scène artistique roumaine qui exposent également, depuis quelques années, à l’étranger. Ces artistes ont grandi sous le régime de Ceausescu et ont été formé pour la plupart après la chute du communisme. Au milieu des années 90, la Roumanie est un pays exsangue et isolé qui s’est ouvert depuis jusqu’à l’intégration dans l’Union Européenne en 2007. Témoins directs de ces bouleversements politiques, les artistes en explorent dans leur production les conséquences sociales, économiques et territoriales.
La chute du rideau de fer nous a permis de connaître les artistes de l’ancien bloc soviétique avec, il est vrai, ce goût de l’exotisme, propre aux découvreurs. Il est cependant indéniable que nous partageons une civilisation et des références culturelles communes avec nos voisins européens.
Les artistes roumains font désormais partie, comme d’autres, de la scène globalisée de l’art contemporain. Quelles résonances cela aura-t-il sur leur production ? Et qu’en est-il de la génération à venir d’artistes, ceux formés aujourd’hui dans les écoles d’art roumaines ?

Sur la mezzanine de la galerie, les catalogues de la Biennale d’art contemporain de Iasi et les éditions de l’association Vector sont un exemple de la vigueur de l’activité artistique en Roumanie. Nombre d’artistes participent à la création d’expositions, de revues papier ou à des blogs sur Internet.


Dans ses vidéos, Aurelia Mihai raconte son pays d’origine, la Roumanie, en l’explorant à travers ses mythes et traditions. La figure du berger tient un rôle majeur dans le folklore roumain. Selon la légende, la capitale de la Roumanie, Bucuresti, aurait été fondée par un berger du nom de Bucur. La vidéo « …and the Moldavian one », (…et le moldave) donne la parole aux bergers - roumains et moldaves - vivant de chaque côté de la rivière Prut, frontière qui sépare la Roumanie de la République Moldave. Les habitants de cette même région moldave, aujourd’hui séparée, sont unis par la tradition pastorale, par une même langue, une même culture. Ils disent leur amour de ce métier ancestral, les difficultés et libertés de leur vie quotidienne et racontent les épisodes d’une histoire où les relations entre les deux rives ont alterné entre séparation et contacts. Aujourd’hui les caméras de surveillance et hélicoptères empêchent toute relation et le métier de berger semble voué à disparaître.


De nombreuses œuvres de Ciprian Mureşan pointent avec humour la perte de repères politiques et idéologiques vécue par la plupart des roumains après la fin de trente années de totalitarisme et le passage à une démocratie capitaliste. La phrase « Communism never happened » (Le communisme n’a jamais existé) en lettres découpées de disques vinyl, pourrait être d’abord perçue comme une négation provocatrice de l’histoire récente du pays. Par ce titre, l’artiste affirme également que le communisme développé par l’Union Soviétique ne fût qu’un avatar totalitaire de la pensée marxiste.
La vidéo « Ceausescu’s Portrait » (Le Portrait de Ceausescu), donne présence à la « figure tutélaire » de l’époque communiste. C’est l’artiste Adrian Ghenie qui se prête au jeu de peindre l’homme, debout, pendant son procès. Une projection dessine au mur la scène à peindre et c’est sans effet de surprise, en quelques coups de pinceaux, qu’Il apparaît peu à peu. Le contraste est saisissant entre ce que le mémoire collective retient de cet homme à la politique démesurée et le portrait d’un homme apparemment banal.
Le documentaire « Le mystère Picasso » de Henri-George Clouzot vient en mémoire. Ciprian Mureşan chercherait-il à percer le mystère du peintre au travail ou celui de son modèle ?


Les photographies, vidéos et installations du duo Mona Vătămanu et Florin Tudor donnent à voir les traces laissées sur l’urbanisme et l’architecture roumains par le régime de Nicolae Ceauşescu. La destruction de monuments culturels et religieux, de centres historiques et de quartiers entiers fut érigée en système, ceci afin d’édifier des ensembles d’habitation « modernistes » ou des projets monumentaux. La construction du Palais du Peuple, un des bâtiments les plus vastes du monde, inachevé, en est l’exemple le plus connu.

La vidéo « Vacaresti » a été présentée à la Biennale de Venise en 2007 dans le pavillon roumain, accompagnée de l’installation « Dust », composée de sacs de ciment se vidant lentement, tels des sabliers.
Cette double vidéo rend compte d’une performance de Florin Tudor. Dans ce qui apparaît comme un terrain en friche, gelé, l’artiste marche et trace à l’aide d’une corde et de bâtons un périmètre. Florin Tudor trace au sol le périmètre de l’église de l’ancien monastère Vacaresti construit au XVIIIème siècle et détruit en 1986. Par cette action éphémère les artistes souhaitent rendre visible à nouveau ce patrimoine disparu. Aujourd’hui un centre commercial est construit sur cet emplacement.


Dacia est l’ancien nom du territoire de la Roumanie actuelle. C’est également le nom choisi par le régime communiste pour sa marque nationale de voitures. La vidéo « Dacia 1300 - A political history » (Dacia 1300 - 30 ans d’histoire politique), de Vlad Nancă est un diaporama de photographies du modèle de la voiture la plus connue et le plus produite en Roumanie (1969 à 2004). La Dacia 1300 n’a connu aucun apport technologique majeur durant sa construction. Pour l’artiste, cet immobilisme technologique est à l’image du pays durant cette époque : une société figée pendant trente années de communisme.
Vlad Nancă intervient également régulièrement dans l’espace public par le biais de graffitis, de dessins, de détournements. Dans les vidéos « Drawing Cars Episode I » et « Drawing Cars Episode II » (Dessiner des voitures, épisode I et II) il s’applique à remplir les trottoirs de petites voitures stéréotypées.
L’installation composée de 2 drapeaux, « I do not know at what union I want to belong to anymore » (Je ne sais plus à quelle union je veux appartenir), fait écho à la phrase de Ciprian Mureşan « Communism never happened » en pointant la confusion idéologique des roumains qui sont passés en moins de dix ans d’un régime totalitaire communisme à l’entrée dans l’Union Européenne. Les symboles et couleurs se mélangent. Par un – heureux ? – hasard, les couleurs de ces drapeaux extra-nationaux (Union soviétique et Union Européenne) correspondent à celles de la Roumanie.





Matei Bejenaru étudie les conséquences sociales et économiques des bouleversements qu’a connu son pays. Il s’intéresse plus particulièrement aux flux de migration, à la situation des minorités ainsi qu’aux systèmes économiques.
La vidéo « Maersk Dubai » rend compte, à la façon d’un documentaire, d’un fait divers survenu en 1996. Trois jeunes roumains embarqués clandestinement pour le Canada sont jetés à la mer par l’équipe du cargo. L’émigration clandestine est également le sujet d’un guide de voyage détaillé « Travel Guide 1990-2006 », conçu à partir de témoignages, à usage des roumains qui auraient souhaité tenté l’aventure vers la Grande-Bretagne. En 2007 l’adhésion à l’Union Européenne a modifié le contexte. Cependant les discriminations et l’exploitation sont toujours présentes. Les Roumains et les Bulgares ne sont pas autorisés à travailler dans onze états membres de l’Union Européenne.
Avec l’installation « Enlarged Clothing », Matei Bejenaru dénonce les profits générés par les entreprises textiles étrangères qui fabriquent dans son pays, à moindre coût, selon le système de production Lohn. Aujourd’hui, les délocalisations des usines textiles vers des pays plus pauvres que la Roumanie auront des conséquences économiques et sociales importantes.

Christelle Manfredi





Aurelia Mihai
Née en 1968 à Bucarest, Roumanie
Vit et travaille à Hambourg, Allemagne
Représentée par la galerie Anita Beckers, Francfort

Ciprian Mureşan
Né en 1977
Vit et travaille à Cluj, Roumanie
Représenté par la galerie Plan B, Cluj, www.plan-b.ro et la galerie Andreianamihail, Bucarest www.andreianamihail.com
Co-éditeur du magazine Version www.versionmagazine.com
Editeur du magazine Idea www.ideamagazine.ro

Mona Vătămanu et Florin Tudor
Mona Vatamanu, née en 1968 à Constanta, Roumanie
Florin Tudor, né en 1974 à Genève, Suisse
Travaillent ensemble depuis 2000. Vivent à Bucarest, Roumanie
Représentés par la galerie Andreianamihail, Bucarest www.andreianamihail.com
www.monavatamanuflorintudor.ro

Vlad Nancă
Né en 1979 à Bucarest où il vit et travaille.
http://vladnanca.blogspot.com/
http://bukresh.blogspot.com/

Matei Bejenaru
Né en 1963 à Suceava, Roumanie
Vit et travaille à Iasi, Roumanie
Représenté par la galerie Posibilă, Bucarest, www.posibila.ro
Fondateur de la biennale d’art contemporain de Iasi, Roumanie

Autres artistes présentés

Matei Bejenaru
Aurelia Mihai
Ciprian Muresan
Vlad Nanca
Mona Vatamanu & Florin Tudor
+ documentation sur la Biennale d’art contemporain « Periferic », Iasi (R)

Partenaires

dans le cadre de lille3000 EUROPE XXL www.lille3000.com

Horaires

lundi au vendredi sauf mardi de 12h30 à 17h30 et samedi 14 mars de 10h à 18h

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

École supérieure d'art du Nord-Pas de Calais / site Tourcoing 36 bis rue des Ursulines 59200 Tourcoing France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022