Zigzag incisions

Exposition
Arts plastiques
CRAC Alsace Altkirch

ZIGZAG INCISIONS

Avec Armando Andrade Tudela, Raven Chacon, Roberto Evangelista, Ximena Garrido-Lecca, Seulgi Lee, Pierre Leguillon, Felipe Mujica, Edit Oderbolz, Blinky Palermo, Tania Pérez Córdova & Francesco Pedraglio, Falke Pisano, Julia Rometti, Jorge Satorre.

Un commissariat de Victor Costales & Elfi Turpin.

Double exposition collective présentée
en collaboration avec
SALTS
Haupstrasse 12
CH-4127 Birsfelden
www.salts.ch

Vernissage le samedi 18 février à 17h à SALTS.


"… des cercles, des cercles ; des cercles innombrables, concentriques ou excentriques ; un scintillant tourbillon de cercles qui, par leur multitude enchevêtrée de courbes qui se répétaient, par l'uniformité de leurs contours, par leur confusion de lignes entrecoupées, évoquaient une figuration du chaos cosmique, le symbolisme d'un art en folie essayant de représenter l'inconcevable."
Joseph Conrad, L’agent secret.

Un épigraphe volé à un livre, loin des villes frontalières troublées.

Des cerfs-volants, des cerfs-volants, d’innombrables cerfs-volants. Des pentagones psycho-acides, certains avec des sourires fous de tortues Ninja, tenus par des lignes invisibles de force et d’intensité variables. Leurs formes et structures vernaculaires sont secouées par des rafales de vents tropicaux, sentant l’orage arriver et le ciel s’abattre sur la ville. Ils sont poussés contre les murs gris-vert-mousse d’un bâtiment moderniste décrépi. Les cerfs-volants frappent les murs, s’y collent, recouvrent l’humidité du béton impuissant d’un chevauchement de fractales et de couleurs dans un arrangement kaléidoscopique sauvage. La trajectoire aléatoire du vent et de la mousson réunit le mythe mineur d'un cerf-volant et le rituel à demi oublié d'un mur moderniste. De grosses gouttes de pluie trouent le papier, le déchiquettent, laissant quelques fragments de géométrie volante accrochés aux surfaces sales, collés là pour un temps. Peut-être un temps géologique.

Il n'y a rien d'inconcevable dans l'art de traverser, une fin d’après-midi, la surface plane d'une place publique en marchant en zigzag, en observant du coin de l’œil ce qui se passe à la périphérie de cet espace large et désolé. C'est simplement une méthode, une autre façon de pratiquer les tangentes, de rester simultanément en friction avec les multiples trajectoires d'autres êtres. Marcher en zigzag consiste à faire l’expérience du hasard gravé sur les géométries de faible impact de n’importe quels ville, forêt ou désert latino-américains. De même, si vous passiez par là, et si vous aperceviez les fines lignes noires dessinant les rivières voisines sur un bol en céramique laissé sur la table d'une maison ouverte, vous sauriez où les habitants de cette maison sont allés pêcher. Pourvu que vous sachiez lire le code, bien sûr. Une question de proximité.

De retour sur la place, zigzaguant plus près de ses périmètres variables, si vous jetiez un coup d’œil sur la gauche, vous pourriez apercevoir deux hommes, main dans la main, en train d’exécuter un tango parfait, avec un style et une élégance dépassant toute description. Si dans le même temps, vous regardiez furtivement à droite, vous pourriez fixer les pirouettes apparemment erratiques d'un insecte (probablement une mouche) s’échappant par la vitre arrière d'un taxi, laissant un passager à moitié soûl gesticuler frénétiquement aux côtés du conducteur, en racontant l’histoire d'un autre parcours, de A à B en passant par Z. Il y aurait des chances que vous ayez été pris dans l'une des boucles de la mouche. Vous auriez juste à être très très bon dans la pratique du regard oblique. Pratiquez souvent.

Mais ce qui se passe à Asunción ne reste pas à Cocosolo. Le vent, qui vient de finir de feuilleter le livre de géométrie que le Professeur Amalfitano a laissé suspendu dans sa cour sur une corde à linge, dans ce ready-made malheureux qu’est la ville, pour voir si un axiome pouvait apprendre quelque chose de la vie réelle (ou vice versa), ce vent-là apportera le concept d'attracteurs étranges* aux cactus qui poussent dans les montagnes entourant Lima. Quelques heures plus tard, quelqu'un cuisinera le cactus, verra les fractales projetées sur des choses dans la nuit, et tentera d’agencer une langue différente pour nommer d'autres complexités obliques.

Nous avons regardé les lumières qui passaient, comme dans l'hymne pop post-dictature de Charly**: rouge, vert, jaune, vert, fuchsia. Nous avons traversé la place, les couleurs, les humains et quelques autres entités. Nous n'étions pas étrangers.

V. C., janvier 2017.


Zigzag incisions est une exposition qui respire le même air qu’un livre de géométrie pendu à une corde à linge. Elle réunit Armando Andrade Tudela, Raven Chacon, Roberto Evangelista, Ximena Garrido-Lecca, Alfredo Hubard, Seulgi Lee, Pierre Leguillon, Felipe Mujica, Edit Oderbolz, Blinky Palermo, Tania Pérez Córdova & Francesco Pedraglio, Falke Pisano, Julia Rometti, Jorge Satorre dont les œuvres et les idées circulent entre trois espaces : celui du CRAC Alsace, un ancien lycée du 19ème siècle situé à Altkirch en France, celui de SALTS, une ancienne boucherie située à Birsfelden en Suisse, et celui de Follas Novas, une librairie, située à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, librairie où aurait été acheté le Testamento Geométrico du poète galicien Rafael Dieste, livre que le Professeur Amalfitano, un des personnages du roman de 2666 de Roberto Bolaño, livre donc que le Professeur Amalfitano a suspendu, non sans étonnement, à une corde à linge dans l’arrière-cour de sa maison.

* http://www.matierevolution.fr/spip.php?article706
** https://youtu.be/yw1xpXndLr8


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- English version -

 

 

ZIGZAG INCISIONS

With Armando Andrade Tudela, Raven Chacon, Roberto Evangelista, Ximena Garrido-Lecca, Seulgi Lee, Pierre Leguillon, Felipe Mujica, Edit Oderbolz, Blinky Palermo, Tania Pérez Córdova & Francesco Pedraglio, Falke Pisano, Julia Rometti, Jorge Satorre.

Curated by Victor Costales & Elfi Turpin.

Exhibition presented
in collaboration with
SALTS
Haupstrasse 12
CH-4127 Birsfelden
www.salts.ch

Opening at SALTS on Saturday, February 18 at 5 pm.



"…circles, circles; innumerable circles, concentric, eccentric; a coruscating whirl of circles that by their tangled multitude of repeated curves, uniformity of form, and confusion of intersecting lines suggested a rendering of cosmic chaos, the symbolism of a mad art attempting the inconceivable."
Joseph Conrad, The Secret Agent.

An epigraph stolen from a book, far from troubled border cities.

Kites, kites; innumerable kites; psycho-acid pentagons, some with mad ninja turtle smiles, held by invisible lines of varied intensities and force. Their vernacular shapes and structures are jerked by gusts of tropical winds, feeling the storm coming, lowering the skies above the city. They are being pushed against the grey-green moss walls of a decrepit modernist building. The kites hit the walls, stick to them, cover the helpless concrete humidity with overlapping fractals and colours in a wild kaleidoscopic arrangement. The minor myth of a kite assembled with the half-forgotten ritual of a modernist wall, by the random trajectory of the wind and the monsoon. Fat rain drops tear the paper, rip it down, leaving a few fragments of flying geometry attached to the dirty surfaces, glued there for some time. Maybe geological time.

There is nothing inconceivable in the art of crossing the flat surface of an evening public plaza, walking in zigzags, observing with sideways glances what’s going on on the peripheries of that wide and desolate space. It’s just a method, another way of practising the tangents, of staying in friction with multiple trajectories of other beings, simultaneously. Walking in zigzag is to practise chance, incised on the low-impact geometries of any Latin American city, forest or desert. Just like the fine black lines, mapping the nearby rivers, are painted on a ceramic bowl left on the table of an open house, so if you happen to pass by, you will know where the dwellers of that house went fishing. Provided that you know how to read the code, of course. A matter of proximity.

Back to the plaza, zigzagging closer to its varied perimeters, if you move your eyes to the left for a fraction of a second, you might catch two men, hand in hand, performing a perfect tango, with style and elegance beyond description. If you look slightly to the right in the same no time, you might fix the seemingly erratic pirouettes of an insect (most probably a fly) flying out from the rear window of a cab, leaving a half drunk passenger gesticulating frantically towards the driver, telling a story of another A to B through Z parkour. Chances are you will get caught in one of the fly's loops. You just have to be very very good at glancing sideways. Practise it often.

But what happens in Asunción doesn’t stay in Cocosolo. The wind that just finished flipping through the book on geometry Professor Amalfitano left hanging in his yard on a clothesline, in that unfortunate readymade city, to see if an axiom can learn something from real life (or vice-versa) – that wind will carry the concept of strange attractors* to the cacti growing in the mountains surrounding Lima. Some hours later someone will cook the cactus, will see the fractals projected on things in the night, and will try to assemble a different language, to name further oblique complexities.

We watched the passing lights, as in Charly's** post-dictatorship pop anthem: red, green, yellow, green, fuschia. We crossed the plaza, the colours, the humans and some other entities. We were not strangers.

V. C., January 2017.


Zigzag Incisions breaths the same air as a book on geometry hanging from a clothesline. This exhibition brings together Armando Andrade Tudela, Raven Chacon, Roberto Evangelista, Ximena Garrido-Lecca, Alfredo Hubard, Seulgi Lee, Pierre Leguillon, Felipe Mujica, Edit Oderbolz, Blinky Palermo, Tania Pérez Córdova & Francesco Pedraglio, Falke Pisano, Julia Rometti, Jorge Satorre whose works and ideas circulate between three different locations: CRAC Alsace, a 19th-century former secondary school located in Altkirch, France; SALTS, an old family butcher shop, located in Birsfelden, Switzerland; and Follas Novas bookshop, located in Santiago de Compostela, Spain, where the book Testamento Geométrico written by Galician poet Rafael Dieste was bought, the same book that professor Amalfitano - a character from Bolaño’s 2666 novel - hanged, not without astonishment, from a clothesline in the backyard of his house.

* http://www.matierevolution.fr/spip.php?article706
** https://youtu.be/yw1xpXndLr8

Tarifs :

Entrée libre

Commissaires d'exposition

Horaires

Exposition ouverte du mardi au vendredi de 10h à 18h. Le week-end de 14h à 18h. Fermée le 1er mai.

Adresse

CRAC Alsace 18 rue du Château 68130 Altkirch France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022