Voyages pittoresques 1820-2009

Pour la première fois, le musée des Beaux-Arts de Rouen, le musée Malraux du Havre et le musée des Beaux-Arts de Caen s’associent pour organiser une importante manifestation en trois volets intitulée « Voyages pittoresques 1820-2009 ». Les trois expositions, présentées simultanément dans les trois musées, sont consacrées à l’illustration de la Normandie et de ses cinq départements. Articulées autour de séries d’images (albums de lithographies dans la première moitié du XIXe siècle, volumes illustrés d’héliogravures à la fin du XIXe siècle et commandes photographiques au XXe siècle), elles mettent en évidence les définitions culturelles et visuelles qui ont contribué à forger l’identité du territoire normand. Cet événement permet de retracer les transformations du regard et les changements opérés dans les choix iconographiques (des monuments historiques et célèbres aux paysages industrialisés et aux édifices de la Reconstruction) ainsi que l’évolution des techniques artistiques (peintures, lithographies, photographies, héliogravures). Il s’attache à revisiter la notion de pittoresque au cours des deux siècles passés, depuis son apogée à l’époque romantique jusqu’à sa remise en question dans l’art contemporain. > La Normandie romantique Musée des Beaux-arts, Rouen Les manifestes romantiques en faveur du patrimoine médiéval > La Normandie monumentale Musée Malraux, Le Havre Le chef d’oeuvre photographique de l’éditeur Lemale > La Normandie contemporaine Musée des Beaux-arts, Caen La commande photographique de la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours L’existence d’une iconographie du « pittoresque » en Normandie au XIXe siècle, amplement évoquée par les expositions des musées de Rouen et du Havre, conduit très naturellement à considérer l’importance prise par la photographie dans la vision du territoire aujourd’hui. Troisième étape de cette manifestation commune, l’exposition présentée au musée des Beaux-Arts de Caen propose un choix d’oeuvres réalisées par des photographes ayant su examiner et raviver cette forte tradition régionale, en prenant la commande (publique ou privée) comme fil directeur. Quelques commandes historiques, liées à l’inventaire monumental (Hyppolite Bayard en 185151 et Médéric Mieusement dans les années 1870-1880), à l’essor des transports et du tourisme (Noël Le Boyer dès les années 1930) puis à la Reconstruction après guerre (Lucien Hervé en 1956), témoignent en début de parcours d’un élargissement progressif de la notion de patrimoine aux sites naturels et aux paysages urbains. C’est cependant la Mission photographique de la DATAR (Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale) qui favorise au début des années 1980 l’émergence d’une nouvelle sensibilité paysagère. Les artistes choisis par la Mission participent en effet à une renaissance du genre en conciliant exigences descriptives et propositions esthétiques (Gabriele Basilico). Depuis bientôt trente ans, les photographes imaginent des approches originales, n’hésitant pas à sublimer les espaces (Elger Esser), à renouveler les points de vue (Mathieu Pernot) mais aussi à intégrer les traces et cicatrices de l’histoire (Matthias Koch). Chacun à sa façon parvient à un ré-enchantement de la représentation des paysages naturels (Andrea Keen), construits (Benoît Grimbert) ou industrialisés (John Davies). Offrant un large panorama de la photographie de paysage contemporaine, l’exposition réunit une trentaine d’artistes. Sont également présentées des oeuvres, émanant de différents commanditaires, de Michael Kenna, Alain Ceccaroli, Olivier Mériel, Gérard Dalla Santa, Gilles Saussier, Véronique Ellena, Antoine d’Agata, Christophe Bourguedieu, Jean-Luc Chapin, Thibaut Cuisset, Patricia di Fiore, Maxence Rifflet et Jem Southam. Cette sélection ne pouvait s’envisager sans un prolongement actuel. Trois nouvelles commandes photographiques viennent enrichir l’exposition, interrogeant à leur tour la pertinence de la notion de « pittoresque » dans le monde d’aujourd’hui (Vincenzo Castella, Rut Blees Luxemburg, Joachim Mogarra). Cabinet des estampes En contrepoint de l’exposition, est présentée une sélection d’œuvres issues de la collection du musée, des lithographies extraites pour la plupart d’albums illustrés du XIXe siècle ainsi que des dessins et aquarelles représentant quelques uns des sites les plus pittoresques de Normandie.