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Un caractère typographique créé
par Alice Savoie
Une série d'illustrations originales
par Marine Rivoal
Une commande
du
Centre national des arts plastiques
En partenariat
avec le
Groupe Imprimerie Nationale
Pour cette nouvelle commande d’un caractère typographique du Centre national des arts plastiques, nous avons souhaité associer les compétences et les domaines d’action de nos deux institutions afin d’accompagner une création nouvelle.
Le Centre national des arts plastiques soutient et valorise le design graphique et la typographie, au travers de sa collection, de ses éditions et des manifestations qu’il propose. Le Groupe Imprimerie Nationale est doté d’un patrimoine exceptionnel. Les savoir-faire qu’elle entretient et met en pratique s’appuient sur l’Histoire tout en étant résolument tournés vers l’avenir.
Nous avons voulu réunir ces valeurs et ces énergies complémentaires pour mettre en œuvre ce projet pour lequel Alice Savoie a été choisie par le jury d’experts réuni pour l’occasion. Son approche a su conjuguer patrimoine et actualité, rigueur et poésie et ce avec intelligence et créativité. Le Faune, qu’elle a dessiné et développé sous des formes inattendues et subtiles, fait appel aux technologies numériques les plus contemporaines.
La création de caractères est un domaine dynamique et inventif et la proposition d’Alice Savoie en constitue un exemple brillant. Souhaitons que le Faune participe à la mise en lumière du travail des créateurs typographiques et confirme leur importance dans la construction de l’univers du quotidien.
Le Faune, accompagné de ses croquis et documents d’étude, est dans la collection du Centre national des arts plastiques. Nos deux établissements ont ainsi contribué à écrire ensemble une page nouvelle du grand livre de la typographie.
Yves Robert
Directeur du Centre national des arts plastiques
Didier Trutt
Président-directeur-général du Groupe Imprimerie Nationale
« Le long de la ligne qu’écrit le verbe regarder, ce n’est pas le même monde qui vient selon que la ligne passe par le lynx, l’épervier, le bœuf, la chauve-souris, l’antilope, le serpent ou l’homme, exactement d’ailleurs comme ce n’est pas déjà tout à fait le même d’un homme à un autre. »
Extra fin Noir
Étudier la pluralité du monde animal afin de créer une nouvelle famille de caractères typographiques : telle est l’étonnante ambition de Faune, que vous pouvez découvrir sur ce site.
Si l’histoire naturelle a beaucoup inspiré la littérature, la poésie et la peinture, son influence sur la typographie demeure très restreinte. Certes, le versant floral de l’Art nouveau suscita plusieurs caractères et ornements tels que ceux dessinés au début du xx e siècle par Eugène Grasset et George Auriol pour la fonderie G. Peignot & fils ; mais pourquoi la diversité des espèces animales, foisonnante de morphologies, de conduites, de rythmes, n’a-t-elle pas été explorée ?
La raison d’être de Faune est de tenter cette exploration, de proposer une autre manière de faire surgir et coexister des caractères, en s’appuyant sur un savoir encyclopédique visuel relayé par le livre.
À l’origine de cette seconde commande typographique du Centre national des arts plastiques, cette fois en partenariat avec le Groupe Imprimerie Nationale, se tient une interrogation : quelle serait une vision contemporaine et prospective de la famille typographique ?
Depuis plus de cinq siècles, la palette typographique à notre disposition n’a cessé de s’élargir : caractères gothiques, romains, puis italiques et gras, avec ou sans empattements, multiscripts, pour la lecture courante ou le titrage… Cette prolifération démontre notre faculté de réinventer sans relâche notre relation à la lettre et au texte. Au-delà d’un témoignage de créativité, ce phénomène signale également une volonté progressive de rationalisation : les créateurs de caractères n’ont cessé en effet de chercher à nommer et à classifier cette diversité esthétique, à maîtriser les associations potentielles entre différents types, voire à critiquer les hybridations dont ceux-ci ont pu faire l’objet.
Le changement de paradigme qui s’opère actuellement, induit (entre autres raisons) par la diversification des supports de lecture et d’écriture, impose aux créateurs de caractères de penser une palette typographique adaptée à cet environnement pluriel. La réponse aujourd’hui fréquemment donnée est de développer de vastes ensembles homogènes de caractères, aux multiples gradations de graisses, de chasses, de corps optiques, etc., au sein desquels l’utilisateur est invité à piocher selon ses besoins.
Prenant le contre-pied de ce processus d’expansion, Faune souhaite remettre en cause cette évolution en proposant une approche empreinte de diversité formelle et de croisements inattendus.
Cette nouvelle création typographique est également une occasion rare de collaborer avec l’Imprimerie nationale et l’atelier du Livre d’art et de l’Estampe, et de redécouvrir ses collections patrimoniales. Le cabinet des Poinçons s’en distingue comme un ensemble de premier ordre, mais il faut également signaler l’impressionnant fonds d’ouvrages publiés par l’établissement (que l’on nomma successivement Imprimerie royale, impériale, puis nationale) depuis sa fondation en 1640 à l’initiative du cardinal de Richelieu.
Faune a pris source dans deux œuvres scientifiques magistrales. La première, Histoire naturelle, par Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, a été publiée entre 1749 et 1788 par l’Imprimerie royale. Buffon est l’un des précurseurs de l’anatomie comparée, parmi les premiers à établir un lien entre différentes espèces physiologiquement voisines, et à les constituer en familles ayant une unité biologique. Il est ainsi crédité pour avoir pressenti certaines des idées modernes sur la variabilité des espèces et sur l’« évolutionnisme ».
Cette impressionnante somme compilée par Buffon et ses collaborateurs, divisée en quatre ensembles qui s’étendent sur 36 volumes, richement illustrés, marque une étape cruciale dans la constitution de l’histoire naturelle comme une science majeure en France. Les gravures qui y sont associées rendent compte avec finesse des variations morphologiques entre espèces. Elles contribuent également à en faire une œuvre de référence intemporelle, qui continue de fasciner malgré le fait que les textes qu’elles accompagnent sont aujourd’hui dépassés.
La seconde est la monumentale Description de l'Égypte ou Recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française. Elle a été publiée par l’Imprimerie impériale, puis royale, entre 1809 et 1830 et constitue la première description scientifique de l’Égypte ancienne et moderne, comprenant 9 volumes de texte et 14 volumes de planches. Elle est un événement majeur dans l’édition française, l’une des productions les plus ambitieuses entreprises par le Groupe Imprimerie Nationale. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une histoire stricto sensu comme celle de Buffon, la Description de l’Égypte s’inscrit néanmoins dans une tradition humaniste renouvelée et amplifiée durant les Lumières. Ce sont plus particulièrement ses magnifiques planches d’histoire naturelle qui ont motivé la création de Faune.
Symptomatiques d’un besoin grandissant d’analyser, de nommer, de classifier les richesses de la nature afin de mieux les comprendre (et, en fin de compte, les conquérir), ces deux œuvres sont exemplaires tant par la qualité de leur composition typographique et de leur impression que par ce qu’elles révèlent de l’intérêt porté par l’élite cultivée à la nature. Celui-ci fut particulièrement prononcé entre 1730 et 1860 en France, période durant laquelle l’histoire naturelle devint la science à la mode (comme le furent avant elle l’astronomie, la physique ou bien encore la géométrie) : des théories fixistes de Georges Cuvier aux idées évolutionnistes de Jean-Baptiste de Lamarck et Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, de vifs et passionnants débats prirent place et permirent d’établir, puis de consolider les bases de nombreuses disciplines essentielles à notre compréhension du vivant telles que la zoologie, la botanique, la géologie ou encore l’ethnologie.
En écho aux splendides planches iconographiques qui accompagnent ces deux ouvrages, Faune puise dans la richesse et la vivacité des formes animales qui y figurent pour remettre en question la notion de filiation entre différents caractères, et proposer un nouvel écosystème typographique.
Bien que les gravures associées aux ouvrages de Buffon et de la Description de l’Égypte semblent au premier abord très éloignées de toute préoccupation typographique, on y trouve des exemples éloquents de mutation, de variation, de filiation entre les espèces. Regardez ces planches qui comparent le squelette et la fourrure chez le rat, ou bien encore cette « table de l’ordre des chiens » chez Buffon ; observez ces variations de largeur, d’épaisseur, de longueur entre différents spécimens de lézards, de caméléons, de chauves-souris dans les planches de la Description de l’Égypte. Chacune d’entre elles est une occasion d’apprécier la relation intrinsèque entre différentes espèces, de souligner leur parenté autant que la richesse de leurs différences.
Leur découverte a ainsi permis de développer une approche inédite de création : à partir de trois classes d’animaux dits « vertébrés » – les reptiles, les mammifères et les oiseaux – trois caractères typographiques très différents ont été imaginés, posant les bases d’une famille hétéroclite.
La première variante s’inspire d’une vipère dite « haje ». Spécimen filiforme et sinueux, cet animal souple, d’apparence visqueuse mais à la peau sèche et recouverte d’écailles, donne naissance à un caractère typographique très fin, monolinéaire et fluide. Extrêmement maigre, presque invisible, ce premier parent n’en reste pas moins vertébré, évitant ainsi l’écueil de la mollesse. Il est destiné aux corps de titrage, sa graisse étant peu appropriée aux plus petits corps de texte. Il pose également les bases de la famille, et adopte le rôle d’un « squelette » sous-jacent.
Aux antipodes, une seconde variante, noire, tire son origine du plus gros mammifère présenté dans la Description de l’Égypte : un bélier à queue plate, terrien, trapu, dont le corps massif et robuste contraste avec ses pattes fines, élancées. Ses cornes à spirales contribuent à asseoir sa puissance, tandis que son poil frisottant lui confère une certaine bonhomie. Autant de traits que l’on retrouve dans cette variante très grasse, dont le dessin fait subtilement référence aux caractères sans empattements si populaires au xix e siècle, qualifiés de « grotesques » par nos voisins anglophones et germaniques.
Troisième style, un italique gras dessiné à partir d’un remarquable spécimen d’ibis noir issu de la Description de l’Égypte, où l’ondulation très caractéristique de la nuque, la répartition singulière des masses entre un corps lourd et des pattes filiformes ont orienté le choix. La modulation des courbes et des contreformes de cette variante, ainsi qu’un contraste inhabituel entre pleins et déliés produisent une vibration à laquelle l’œil est peu habitué, mais qui ne manque pas de marquer les esprits. N’est-ce pas précisément ce à quoi aspire l’italique, trop souvent considéré comme le subordonné du romain ?
Ces trois membres fondateurs de la famille typographique, aux traits bien distincts, sont ensuite rendus « génétiquement compatibles ». C’est un processus que l’on nomme en création typographique interpolation, opération de calcul qui permet de générer un très grand nombre de variations intermédiaires à partir de deux dessins différents. Ce processus permet ainsi de proposer trois hybridations qui s’avèrent parfaitement adaptées à la composition en texte courant.
Un caractère romain et son compagnon gras sont d’abord conçus à partir des versions fine et noire de Faune. Affichant un léger contraste entre pleins et déliés, ils conservent la souplesse de leur parent reptilien et la robustesse de leur parent bélier. La graisse du romain est savamment choisie afin de proposer un gris typographique harmonieux en corps de texte ; le gras exhibe quant à lui un lien de parenté suffisamment proche du romain pour en faire un compagnon fiable, qui assurera pleinement sa fonction de balisage et de hiérarchisation par sa noirceur plus prononcée.
Le même processus d’interpolation est mis à profit en croisant l’italique gras avec le romain, afin de générer un italique de texte. Tout en présentant des proportions et une pente plus adaptées à la lecture courante, cette nouvelle variante conserve la singularité de son parent ibis. Loin du concept d’un « romain penché », cet italique revendique une voix complémentaire et atypique particulièrement appropriée à la mise en exergue. Son étrangeté lui permet d’assumer pleinement son rôle de perturbateur de rythme afin de mieux distinguer, ou de mettre en relief différents éléments au sein de la page.
Tel est Faune : trois variantes de référence (fine, italique, noire) pour les grands corps, et trois variantes hybrides (romain, italique, gras) pour les corps de texte. Au-delà de ces six styles de base qui permettent quantité d’usages pour l’imprimé et l’écran, il est possible d’imaginer une série potentiellement infinie de variations plus ou moins noires, plus ou moins penchées, grâce au processus d’interpolation préalablement décrit, et de laisser ainsi s’exprimer les aspects les plus reptiliens, terriens ou aériens de cette famille.
Car si, historiquement, le recours au plomb pour produire des caractères typographiques nécessitait de « figer »leur forme et d’en limiter le nombre de variantes pour des raisons évidentes liées à leur mode de production, les technologies numériques permettent aujourd’hui une flexibilité bien plus grande dans la conception des alphabets. Depuis plus de trois décennies, des logiciels toujours plus performants sont conçus et mis à disposition des créateurs de caractères, qui leur permettent de maîtriser avec une grande précision leur processus de dessin et d’étendre le champ des possibles en matière de création typographique.
Créer de multiples gradations entre plusieurs variantes de référence (et qui délimitent l’écosystème dans lequel se développe une famille typographique) est d’ailleurs l’ambition de nouveaux formats de production des caractères, tels que les fontes variables. Ce format dynamique, introduit en 2016 par les principales compagnies de l’industrie typographique, s’avère être une avancée technologique appropriée à la diversité des supports de lecture actuels et aux besoins d’une typographie adaptative. Il remet aujourd’hui en question notre conception traditionnelle d’une famille de caractères structurée autour d’un romain, d’un gras, d’un italique, etc., puisqu’il donne désormais accès, au sein d’un unique fichier, à une multitude de variations finement maîtrisées en amont : variations de graisses, de chasses, de proportions verticales ou horizontales… ouvrant ainsi le champ des possibles.
Face à ce bouleversement en cours, Faune est une invitation à repenser notre conception de la famille de caractères, tout en remettant la richesse et la diversité des formes au cœur du processus créatif, et à envisager un rapport dynamique entre les variantes qui la composent, ouverture vers la typographie de demain : mutante, vivante, en perpétuelle évolution.
Suivant la démarche qui a motivé la création de Faune, une série d’illustrations originales réalisées par Marine Rivoal propose un hommage contemporain aux gravures présentes dans l’ Histoire naturelle de Buffon et de la Description de l’Égypte. Les représentations d’animaux qui accompagnent la famille de caractères sont ingénieusement réalisées par collagraphie, une technique de reproduction consistant à superposer différentes couches de matériaux (ici, du scotch de déménageur !) qui sont ensuite encrées, puis imprimées sur une presse taille-douce. Cette approche pour le moins singulière permet ainsi à Marine Rivoal d’imaginer un bestiaire quelque peu éloigné de la rigueur scientifique à laquelle aspiraient les naturalistes de l’époque, mais tout aussi expressif et captivant. Et de même que Faune est conçu comme une famille hybride à la croisée de différentes espèces,les gravures qui l’accompagnent sont autant d’invitations faites au lecteur à réinventer à sa guise des hybridations animales surprenantes et interchangeables, à la manière d’un méli-mélo.
« Il y a dans l’étude de l’histoire naturelle deux écueils également dangereux : le premier est de n’avoir aucune méthode ; et le second, de vouloir tout rapporter à un système particulier. »
Extra fin Noir
Créez votre propre chimère : faites défiler les animaux grâce aux flèches, tapez votre texte et choisissez votre variante du caractère Faune. Partagez ensuite cette combinaison à votre guise sur les réseaux sociaux ou par email.
La famille de caractères Faune est téléchargeable et utilisable librement, par tous, de façon privée ou professionnelle, sous licence Creative Commons CC BY-ND 4.0. Cette licence autorise la libre utilisation du caractère, sous réserve de mentionner le nom de son auteur lors de son utilisation et de ne pas apporter de modification au dessin du caractère.
Exemples de mention du crédit du caractère dans les documents en faisant usage :
Version complète : « Le caractère Faune utilisé dans ce document a été créé par Alice Savoie dans le cadre d’une commande du Centre national des arts plastiques en partenariat avec le Groupe Imprimerie Nationale »
Version courte : « Faune, Alice Savoie / Cnap »
Plus d’informations sur la licence
Creative Commons CC BY-ND :
https://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/deed.fr
Le spécimen se compose :
Ce spécimen est édité par le Centre national des arts plastiques en partenariat avec le Groupe Imprimerie Nationale dans une version imprimée à 4 000 exemplaires.
Il est également téléchargeable en pdf en deux versions : une version écran, qui reproduit la version papier ; une version pour l’impression, sans aplats de couleurs pour une impression économique.
Le dossier otf contient six fontes au format OpenType, qui sont les fichiers à installer sur votre ordinateur (Windows et Mac OSX).
La famille se compose de trois versions de titrage :
Ainsi que de trois versions de texte :
Un certain nombre de subtilités typographiques sont activables par le biais des fonctionnalités OpenType : ligatures, petites capitales, chiffres tabulaires, chiffres et lettres suscrits et souscrits, ponctuation adaptée aux capitales... La liste complète de ces fonctionnalités est disponible dans le spécimen du caractère, téléchargeable ci-dessous. Notez que la plupart de ces fonctionnalités OpenType ne sont pas actives par défaut, et que leur mode d’activation varie d’un logiciel à l’autre. Par ailleurs, tous les logiciels ne supportent pas la totalité de ces fonctionnalités. Il est conseillé de vous référer au manuel d’utilisation de chacun des logiciels pour plus d’informations.
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Les caractères web sont disponibles dans le dossier Webfonts du dossier de téléchargement. Vous pouvez les installer directement sur votre serveur et servir les caractères via la méthode @font-face.
graphisme.cnap@culture.gouv.fr
www.cnap.fr
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