Portraits de femmes Algériennes
Je trouve fabuleux qu’une simple et sordide opération de mise en fiche d’une population ait pu produire des résultats de ce genre. Ce qui en tout cas me paraît important, c’est qu’il soit témoigné quelque part que ces femmes, dans ces circonstances-là, ont eu cette tenue-là : ce viol leur a été infligé, et voilà comment elles l’ont subi. Car rien ne les obligeait à affronter ainsi l’objectif, à regarder l’occupant – à nous regarder – de cette manière intense, profonde, insoutenable…
Parmi toutes ces femmes, dont la réaction spontanée a été de faire face, une seule, me semble-t-il, a laissé filer son regard au-delà, une autre a manifestement choisi la dérision : deux façons différentes de renvoyer le dominant à sa radicalité impuissante.
Je sais bien que cette publication risque d’être douloureusement vécue par ceux qui n’y verront, tout d’abord, que le redoublement d’une injure déjà infligée à des femmes algériennes.
Mais le fait est que cette injure a eu lieu : à travers ces femmes, sur leur visage dénudé, c’est toute la culture algérienne qui a subi une affreuse contrainte. Or, ces victimes ont relevé le défi : montrer cela aujourd’hui, c’est leur rendre justice, c’est restituer son véritable sens à ce qu’il leur a fallu vivre – et qui en tout cas ne saurait être effacé.
En fait, c’est à elles seules qu’il reviendrait ici de prendre position, si elles étaient encore en mesure de le faire… Mais j’imagine assez mal qu’aucune d’entre elles puisse être gênée, vingt ans plus tard, en rencontrant à vif la réaction qui fut alors la sienne. Car elles ont vécu cela, et comment pourraient-elles mieux l’assumer qu’en redécouvrant avec nous la façon même dont elles ont su y faire face ?
Tarifs :
3€ ou Cartes Château