Pierre Klossowski, Tableaux vivants
Philosophe, théologien, écrivain, traducteur, Pierre Klossowski développe pendant des années une oeuvre littéraire. Il dessine en parallèle à la mine de plomb, mais le noir et blanc n'est pas assez « parlant », c'est un accompagnement de ses écrits. Puis l'écriture se délie pour cerner des formes, la couleur remplit les surfaces de grands formats pour créer des images qui deviennent la seule expression de l'artiste. "Je n'ai pas mené les deux activités de front, mais de manière alternative. Il y a eu la période des dessins à la mine de plomb qui coexistaient, de fait, avec l'écriture. Puis la découverte de la couleur, qui a correspondu à l'abandon de l'écriture. La satisfaction que me donnait cette expérience m'amena à lui sacrifier du même coup le temps qu'elle exigeait. Cette façon de s'exprimer, apparemment primitive parce qu'immédiate relativement à l'écriture, ne pouvait souffrir la concomitance avec la communication écrite, qui est toujours indirecte quant à l'émotion vécue. À savoir que le langage, en tant qu'il relève du sens commun, altère le motif particulier eu égard à la réceptivité générale. Renonçant à l'écriture qui prêtait constamment aux malentendus, je m'isolais à ne me prononcer plus autrement que par le tableau. Quitte à faire sentir mes visions à mes contemporains plutôt qu'à les leur faire comprendre." Pierre Klossowski, La Ressemblance