MATTER - NO MATTER

La pratique de Romain Vicari s'est constitué autour d'une nécessité : celle de sortir de l'atelier, pour se confronter à l'espace urbain et ses zones transitoires. A travers des installations qui mêlent peinture et sculptures, le travail de Romain Vicari vise avant tout à parasiter l'espace. Ces altérations tendent à souligner par des traces et des gestes, la matérialité architecturale d'un lieu donné. Ainsi, les expériences plastiques menées par l'artiste sont des actions instinctives et éphémères toujours en relation avec le lieu qui les accueille. Les larges projections de couleurs et de matériaux en tous genres viennent dynamiser un environnement anonyme.

Victor Vaysse explore la porosité entre la photographie et les autres mediums. La pratique de l'artiste s'est construite à partir d'une réflexion autour de la notion d’espace photographique, cet espace fictif créé par l’action combinée d’un opérateur et du mécanisme d’enregistrement de l'appareil photographique. Dans ses premiers travaux, l’artiste met en scène des objets de manière à subvertir leur nature première pour laisser place à une image poétique. Son travail actuel procède de cette même démarche, mais va plus loin dans la mesure où l’opérateur disparaît, laissant vide par la même occasion la place de l'auteur. Les images deviennent plus anonymes, et c’est une réflexion autour de cette notion d’auteur, en lien avec la picturalité de l’image plastique que développe Victor Vaysse.

Romain Vicari et Victor Vaysse s'attachent à explorer les possibilités du déplacement. Leurs pratiques procèdent toutes deux du détournement, et donnent à voir des espaces à la fois connus et anonymes sous jour nouveau. Cette subversion de l'espace, qu'il soit réel ou fictif, donne lieu à la création d'un nouvel espace photographique et sculptural. La notion de territoire est présente chez les deux artistes. Les images et les volumes sont à la fois les outils et les témoins de cette énergie. “Matter - No Matter” parle de l’objet, et de ses effets sur l'environnement qu'il occupe.

Mathilde Barbier