MATHILDE BARRIO NUEVO et JULIE MARCHAL

Les souvenirs d'enfance, la culture populaire véhiculée par la télévision et le cinéma, les flux d'informations disponibles grâce aux nouveaux médias sont les sources de l'œuvre de Mathilde Barrio Nuevo et Julie Marchal et d'une certaine façon le substrat de leur analyse du monde contemporain. Elles explorent par le biais de la sculpture et de l'installation les possibilités fictionnelles des images dont nous abreuve notre sociéte post-média et créent des corpus d'objets et d'images, qui mettent en relation l’ethnologie, l'artisanat, l'art, le design, l'architecture vernaculaire ou encore la musique électronique. Leur technique de production est proche de la pratique scientifique, en ce sens elles prônent l’empirisme. Nous pourrions faire référence à Roger et Francis Bacon (savant et philosophe du XIII et XVI ème siècles), précurseur de la méthode expérimentale pour l'un et adepte de la théorie empiriste pour l'autre. « On ne comprend bien les choses qu'en les expérimentant », c'est une approche de l'apprentissage au fondement de nombreuses transmissions tant pratique comme dans l'artisanat qu’intellectuelle dans le domaine des sciences par exemple. Elles sont dans une reconquête de leurs capacités à produire elles même les objets auxquels l'ère post industrielle nous a asservi.
NO BACON ANYMORE se situe quelque part où tout ce qui nous est familier a disparu, c’est une indication chronologique sans chiffres. Survivre, casques-masques protègent comme ils subliment vainqueurs et perdants. Terre des sous-sols et canettes de soda sont peut-être les seuls matériaux qui ont résisté au futur, nous serons donc contraints de les utiliser comme armes et outils sans assurance de résultat. », tel est le programme de Mathilde et Julie qui, en héritières du « Do It Youself », utilisent des matériaux de récupération pour produire cabanes, outils, masques-costumes et armes pour se préparer à survivre dans une société en crise si souvent annoncée dans les films d'anticipation.
D'entrée de jeu NO BACON ANYMORE nous accueille avec une batte modifiée en un casse-tête médiéval, 2 bois + 8 clous, produit artisanalement par les artistes en bois de palette. Pour survivre il faut pouvoir se défendre.
Autre enjeu majeur, se protéger en construisant une cabane, Tour 22, car comme le montre une vidéo, la maison de nos deux protagonistes a brulé « en prévision des évènements ». Une cabane qui sous un aspect très précaire, prend une forme assez complexe, proche d'une sorte de vaisseau spatial prèt à décoller dont émane une musique électronique qui pourrait très bien accompagner la séquence d'un film de SF. Il faut aussi pouvoir impressionner l’ennemi, d'où différents costumes et masques. Panoplie complétée par une trousse de survie, comprenant dans un sac à dos, soda, biscuits et petits instruments-armes, Minimum/maximum, soda et biscuits. Des idoles « réconfortantes », Dieu n°3675, pour motiver les troupes sur le chemin de la guerre ou de la chasse comme en témoignent les reliefs d'un repas sous la forme d'un tas d'os. Accompagnée d'un chien sauvage, au guidon d'une mobylette bélier ou peut-être plus justement licorne ou espadon, Kill the pig, traine derrière elle la représentation de l’animal chassé, NO BACON ANYMORE. L'on voit surgir dans cette dernière pièce l'expérience des enfants du roman de William Golding « Sa Majesté des Mouches », perdus sur une île déserte et confrontés à la survie et à la création d'une société avec ses règles et ses cruautés. Une expérience, un retour à une forme de primarité, dressant un portrait de l'enfance inquiétant dans un contexte de survie, auquel l'exposition fait référence.

Tarifs :

Entrée libre