L'Oeil arpenteur

La Galerie Art et Essai de l'université Rennes 2 Haute Bretagne, en association avec le Fonds régional d'art contemporain Bretagne, présente un nouveau volet de la série Approches critiques. Depuis huit ans, la Galerie propose à un enseignant-chercheur de l'université de présenter une exposition composée d'œuvres de la collection du Frac Bretagne, en collaboration avec ce dernier. Cette année, le commissariat en est confié à Patrice Gaborieau, maître de conférence en Sciences du langage, et Brigitte Charpentier, responsable du service éducatif du Frac Bretagne. L'exposition s'intitule « L'œil arpenteur », et se tient du 30 septembre au 8 novembre 2010. A partir d'œuvres mettant en scène l'espace dans sa dimension de paysage, Patrice Gaborieau et Brigitte Charpentier proposent une exposition qui interroge les notions habituelles de « représentation » et de « perception ». La compréhension des processus humains qui y sont en jeu invite à comprendre, en différents sens, l'œil aussi comme un instrument d'arpentage intellectuel. L'exposition présente des œuvres d'Yves Bélorgey, Robin Collyer, Gloria Friedmann, Hamish Fulton, Vladimir Logutov, Thomas Ruff, Hervé Vachez, Bernard Voïta, Sébastien Vonier et Rachel Whiteread. Tel l'arpenteur, personnage principal du roman inachevé Le Château de Franz Kafka, le visiteur prendra plaisir et intérêt à déambuler dans un labyrinthe mental composé d'installations, de photographies, de vidéos et de peintures, offrant une multiplicité des modes possibles de fabrication de la représentation. Patrice Gaborieau fait en effet remarquer que « l’art relève avant tout d’une fabrication », et, que même la perspective est « perspectiva artificialis ». Toute œuvre plastique constitue une production artificielle de la représentation. Au travers de cette exposition, les commissaires tentent de révéler à chaque visiteur la part d'inconscient, de pensée, existant dans la simple « vue » de tout objet, de tout paysage, de toute œuvre. Les artistes usant de procédés variés soumettent une vision qui se verra à nouveau réinterprétée par chaque regardeur. Nous pensons alors à Magritte, qui au cours d’un entretien avec Bernard Mérigaud déclara « Qu’est-ce qui représente ce tableau ? Celui qui regarde représente le tableau. Ses idées et ses sentiments représentent le tableau. » Ainsi, Patrice Gaborieau perçoit le paysage comme étant une catégorie pensée, conceptuelle, c’est-à-dire un espace des possibles.