La Polygraphie du Cavalier

Exposition
Arts plastiques
galerie nicolas silin Paris 03

Vue de l'exposition "La Polygraphie du Cavalier" à la galerie nicolas silin, 2012.
Photo : Nicolas Giraud

Dans La Vie mode d’emploi (1978), Georges Pérec décrit l’intérieur d’un immeuble parisien : les pièces, le mobilier, les objets, mais aussi les habitants et leurs histoires. Comme pour ses autres oeuvres, ce texte résulte de contraintes formelles, qui définissent un principe d’écriture. Pour cet ouvrage, il a établi une grille de thèmes dans les cent cases d’un damier et utilise comme mode d’emploi : la « polygraphie du cavalier », un problème mathématico-logique où le cavalier doit parcourir toutes les cases de l’échiquier sans jamais s'arrêter plus d'une fois dans la même. Il reprend ce schéma pour diviser son livre en chapitres qui racontent chacun un endroit précis de l’immeuble. Ces histoires accumulées s’articulent comme les pièces d’un même puzzle.

Invités par l’association L’Orange Rouge, les artistes présents dans l’exposition « La Polygraphie du Cavalier » ont réalisé des productions avec des classes Ulis et Segpa* de collèges de Paris, de Seine-Saint-Denis et de Seine-et-Marne. Ils ont chacun travaillé avec les adolescents pendant plusieurs mois et de cette rencontre résulte une oeuvre. Pour parvenir à une écriture commune, les artistes ont proposé différentes règles du jeu. Le réel est observé, réinvesti et réinventé. La pluralité des écritures est perceptible à travers la superposition de séquences, de dialogues et de formes. Des lieux de rencontres et de passages quotidiens deviennent des espaces d’expérimentation et la perception de l’ordinaire laisse surgir un imaginair romanesque.

En répertoriant et filmant avec les élèves des gestes, des objets et des lieux quotidiens, Julie Béna évoque les glissements et les décalages entre l’ordinaire et le poétique. Dominique Blais donne à voir les instantanés d'un ciel fragmenté : le temps et le mouvement sont ensemble décomposés à travers d’infimes nuances. Jean- Baptiste Couronne présente une structure sculpture qui raconte comment la rencontre d’individualités différentes peut inventer une construction collective. La vidéo d’Elise Florenty joue sur la mise en abîme de situations, créant des jeux temporels troublants et opérant une fabrique de signes où se mêlent l’anormal et l'extra – ordinaire. Charles Lopez a invité les adolescents à élaborer des itinéraires topographiques aléatoires. Superposés les uns aux autres, ces parcours dessinent des territoires imaginaires. Nathalie Rias s’inspire de la Tentative d’épuisement d’un lieu parisien de Pérec mais aussi d'autres formes de jeux littéraires. Elle rend visible les possibles rencontres autour de l’art à travers le regard, le langage et l’expérimentation. Du mobilier usuel et banal devient un espace de re-création pour Alexandra Sá qui le détourne et le transforme. Enfin, Adrien Vescovi redéfinit les rapports d’échelle en inventant avec les adolescents des instruments de mesures du réel. Des sculptures peuvent devenir des outils pour dessiner des espaces à parcourir comme de nouveaux terrains de jeux.

Marie Bechetoille

* Ulis : Unités Localisées d’Inclusion Scolaire, Segpa : Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté

Commissaires d'exposition

Partenaires

Conseil Général de la Seine-Saint-Denis, Conseil Général de Seine-et-Marne, DRAC Ile-de-France, Conseil Régional d'Ile-de-France, CAF de Paris, Ville de Paris, Académie de Créteil, Académie de Paris.

Mécénat

Fondation Air France, Fondation Aéroports de Paris, Fondation HSBC, Fondation PSA Peugeot Citroën.

Horaires

du mercredi au samedi de 14h à 19h et sur rdv. La galerie sera fermée exceptionnellement du jeudi 28.06 au mardi 03.07.2012. L'exposition se poursuivra jusqu'au 21.07.2012.

Adresse

galerie nicolas silin 13 rue chapon 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022