La nuit froissée

Au centre de l’exposition, une pièce en volume composée de trois éléments posés sur un sol peint en turquoise : un petit labyrinthe en fausses briques, un lit troué en bois avec la peinture d’une couverture imprimée à carreaux, et un escalier de 4 marches au sommet duquel se trouve un petit sapin nous invite à entrer dans l’univers de l’artiste. Lui faisant écho, une peinture murale Des cailloux dans la barbe à papa réalisée in situ au graphite sur fond rose, comme un rébus propice à composer nos propres fictions. Au mur Mon nom : une série de 23 gouaches de petite dimension : des éclats de verre sur des pavés. Des fleurs fanées éparpillées sur le sol. Un gros plan sur une grille. Un autre sur un fauteuil rouge. Une sonnette. Les écailles d’un mur. Un vieux papier peint. Un drap froissé. Ces fragments nous sont donnés comme indices, des bribes de moments, d’espaces à relier entre eux. Et puis il y a ces trois lettres insignifiantes OHE, sculpture lumineuse sur la façade que l’artiste offre aux badauds et aux passants, à qui veut bien, comme un appel un peu vain. Et quelques paysages oubliés, sculptures-objets aux couleurs acides et montés sur roulettes . Les œuvres de Anne Brégeaut se tiennent toujours « aux marges de la désillusion et du bonheur confondus » et posent sans cesse le doute quant à la réalité même des choses. L’artiste explore des détails du quotidien, s’attarde sur des gestes, des objets, des situations de la vie domestique. Elle dépeint ces petits riens de la vie pour nous faire partager un monde incertain, empreint d’une apparente naïveté, mais âpre en réalité, car construit sur une absence, un manque.