La boîte rouge

Exposition
Arts plastiques
Iconoscope Montpellier

 

L’infidèle.

Lorsqu’est venu le temps des femmes, la fuite en avant fut permanente. Elles virevoltaient autour de lui et il les saisissait sans vergogne. Florin Stefan s’est alors mis à entasser tous ces souvenirs narcissiques dans une boîte rouge en carton (celle-ci dont il dit qu’il ne l’a pas choisie, mais plutôt l’inverse). Il y a déposé des photographies d’Elles, de nombreux autres moments de vie intime. De celles qui sont passées dans sa vie, sa mémoire ; de Celle qui est restée hors de sa vie, mais dans son esprit. Il s’adonnait alors plus à la photo qu’à la peinture. Ces photos aujourd’hui disposées les unes sur les autres dans la fameuse boîte ont un peu jaunies. Il les a exhumées progressivement.

Florin Stefan est un artiste d’aujourd’hui qui nourrit paradoxalement sa sensibilité et sa fascination pour le Beau dans le modernisme du XIXème siècle. Il fait en effet partie de ces créateurs qui émergent dans ces périodes de ruptures industrielle et sociétale. Il se saisit de la technologie numérique pour documenter son travail de voyeur et pour le réinterpréter à l’appui d’une technique picturale sûre et académique. Toujours armé de son I Phone 7 Plus, devenu excroissance de sa main, il vole les moments des autres en « observa- teur du voisinage de proximité », comme aime à le définir Ami Barak. Le besoin de transformer en peinture ces captations numériques relève d’un processus d’analyse à la fois très intellectuel et documenté par l’his- toire de l’art, mais aussi d’un acte rituel et primitif, simple et direct.

Dans un pays issu de l’hybridité latine, slave, et austro-hongroise, Florin Stefan est happé par le goût russe, lui qui est né dans le Pays de Maramureş, à proximité de l’Ukraine. Empreint de l’académisme russe, il dé- veloppe un travail au traitement narratif, réaliste et nostalgique. La femme moldave, celle de l’Est du pays (archétype populaire roumain de la femme facile et dévoratrice), est d’ailleurs l’un de ses thèmes féminins de prédilection.

Réanalyser ces photos de femmes, de moments ou d’espaces familiers, les détacher de leur réalité pre- mière pour en faire une fiction d’aujourd’hui, tel est l’enjeu de son travail. Les nombreux livres disposés sur les sièges et les étagères de son atelier témoignent, lorsqu’on tourne les pages de ces ouvrages, des filia- tions du travail de Florin Stefan. De Velasquez (et sa Venus) à Félix Vallotton (et sa paire de fesses). Au travers de sa fidélité à ces maîtres d’amour, Florin Ştefan manifeste sa dévotion à l’Art.

Benoit Bavouset
Directeur délégué de l’Institut français de Roumanie à Cluj-Napoca 


Partenaires

Institut culturel roumain (Paris), Drac Occitanie, Ville de Montpellier, Conseil régional Occitanie

Horaires

mardi, jeudi, vendredi, samedi, 15h-19h

Adresse

Iconoscope 1 rue du genéral maureilhan et 25 rue du courreau 34000 Montpellier France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022