Julie Legrand

Un certain rapport entre immobilisme et mouvement anime mes installations qui, pour la plupart, si elles ne bougent pas, sont en tension, pèsent, poussent, appuient, serrent, relient, s’écoulent, s’épanchent, s’attirent, s’«aimantent » Julie Legrand Le Granit et la Savoureuse, deux noms géographiquement voisins, familiers aux habitants de Belfort, deux mots que tout oppose mais réunis ici en un titre comme une promesse. Quelle fable nourrit Julie Legrand depuis sa première venue et tout au long des douze mois d’attente du prochain rendez-vous qu’est son exposition à la Galerie ? « …Une rêverie dit-elle, autour de la pierre et du verre, de l’immobile et du sensuel, de la permanence et du traversant. La question de l’échelle, du grand au petit, du simple au démultiplié. La question de l’exposant en somme, celle de la couleur - les rouges, roses, les violets les prunes les parmes, l’intérieur de la bouche, les oranges les tendres - et celle du souffle, de l’abandon et de la satiété. Toujours dans un dialogue étroit avec les lieux qui l’accueillent et leur histoire, Julie Legrand sculpte, assemble, fabrique, emboîte les matériaux les plus divers et hétéroclites –fils, liens, silicone, verre, éponge…- pour réaliser des pièces aussi fragiles qu’imposantes, nécessitant une élaboration de longue haleine, minutieuse et exigeante. Si le corps n’est que très rarement représenté, il demeure prégnant dans ses matières, ses flux, ou évoqué dans ses structures et fonctionnements. Depuis plusieurs années, les installations et interventions de l’artiste affichent une tension corporelle et mentale constantes, en même temps qu’une joyeuse incongruité dans les procédés, les rencontres et les interactions. Comme il est difficile de choisir dans sa longue liste projective et extravagante pour Le Granit : La Savoureuse ? La mitrailleuse ? L’âge légale ? L’ange des feintes ? La pas décente ? ou L’enfantillée ?