Jean-luc MYLAYNE
Jean-Luc Mylayne - N°041 - avril à mai 1986 - C-print marouflé sur aluminium - 100 x 100 cm - Courtesy FNAC, Paris
Depuis plus de 30 ans, Jean-Luc Mylayne mène une vie nomade, arpentant de vastes territoires en quête d’images mentales qu’il tente de restituer par le biais de photographies qui, systématiquement, mettent en scène des oiseaux. Bien que doté d’une grande connaissance de l’ornithologie, Jean-Luc Mylayne n’est absolument pas concerné par la photographie animalière et il faut incontestablement chercher les sources de son travail du côté de sa formation initiale en philosophie. Les oiseaux qu’il photographie dans un contexte naturel au sein duquel figurent presque toujours les traces indicielles de la civilisation humaine sont le prétexte à la construction d’un regard spécifique sur le monde. L’espace y est dual, scindé entre une dimension anthropomorphe et l’existence parallèle de mondes aux fonctionnements tout autres. Le temps, aussi, provoque la friction d’une temporalité humaine à celle des oiseaux et, à ce titre, le travail de Jean-Luc Mylayne n’est pas sans évoquer tout un pan de la philosophie transcendentaliste américaine et ses possibles résonances contemporaines. Ainsi, les figures de Henry David Thoreau, Walt Whitman ou Ralf Waldo Emerson affleurent dans les photographies de Jean-Luc Mylayne mais elles sont utilisées d’une manière contemporaine, assez semblable à l’utilisation que peut en faire le réalisateur Terrence Malick dans ses films (La ligne Rouge ou Le Nouveau Monde, notamment). En un peu plus de trente ans, Jean-Luc Mylayne n’a produit que peu d’oeuvres (moins de 200) en raison d’un processus de travail extrêmement lent. La réalisation d’une image nécessite des semaines voire des mois de travail patient pour que l’image préalablement imaginée puisse être photographiée. A l’instar d’un réalisateur de cinéma, Jean-Luc Mylayne accorde un soin méticuleux au choix du contexte, à la lumière, à la saison, à la composition générale de la photographie, au choix de l’oiseaux considéré comme un acteur à part entière. Chaque photographie est prise en plan rapproché, l’oiseau étant généralement représenté à l’échelle 1. Chaque photographie est tirée à un exemplaire unique et est considérée par l’artiste comme un « tableau ». L’exposition conçue par le FRAC Auvergne réunit les oeuvres acquises par trois collections publiques françaises – le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, le Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne et le Fonds National d’Art Contemporain. Elle fait suite à l’importante exposition consacrée à Jean-Luc Mylayne par le Musée d’Art Contemporain de Lyon durant l’été 2009.