GÉRARD FABRE

Exposition
Arts plastiques
Diem perdidi Galerie du Tableau Marseille

Avec Gérard Fabre nous avons su partager un privilège extraordinaire: celui de l'amitié de Jean-Louis Marcos pour une raison qu'il s'était octroyée, il ne peut plus dire pourquoi mais il savait le faire et cela nous manque. Jean-Louis savait dire son amitié sans prononcer ce terme, il était sobre de mots, ce qui l'empêchait de mentir. À mon tour, il m'interdit le texte, voici le sien à propos de Gérard Fabre:

 

Les sculptures de ce plasticien marseillais sont de l’ironie dans l’espace. Il s’agit d’objets qui se cachent derrière leurs éclatantes couleurs et leurs volumes imposants. Ce fort impact visuel se tient sur une crête entre deux gouffres : celui du grotesque et celui du sublime. De ce flirt avec le risque, cette présence plastique tire une étrange souveraineté. L’ironie se trouve alors dans son jardin : interroger en feignant l’ignorance, dans cette incessante mobilité de la conscience, aux antipodes du dogmatisme, dans une des ouvertures majeures de la liberté de percevoir. L’ironie de Gérard Fabre pratique le contre-oeil comme d’autres le contre-pied, la jonglerie dans la jungle et la couleur dans le chromatisme, toutes choses qui demandent souplesse, agilité et inspiration. Il y a aussi des fausses pistes, celle du design par exemple. Les petites sculptures de Gérard Fabre font semblant d’être cousines avec des objets de design. C’est une blague, le design est toujours étroitement lié au monde de la production, à la manufacture. Ici il s’agit d’objets célibataires et uniques, acceptant de se retrouver dans un groupe, pour une petite orgie métaphysique plausible, acceptant de se transformer éventuellement ; mais en aucun cas d’être clonés, d’être formatés pour le marché et d’envahir comme autant de métastases l’espace quotidien déjà saturé.

Les sculptures de Gérard Fabre portent toutes un titre générique : Babarevich soit le fruit des amours coupables de Babar et du peintre du Suprématisme (courant de l’art abstrait) Kasimir Malevitch (1879-1935). Il y a ici à la fois la mémoire des aînés, ridicules et glorieux comme toujours, qui disaient par exemple : « J’ai délié les noeuds de la sagesse et libéré la conscience des couleurs  » (Malevitch) et celle de Babar, roi d’un pays qu’il invente en y mêlant les charmes de la ville et ceux de la jungle.

La modestie des matériaux (plâtre, papier mâché, peinture industrielle), relève aussi de l’ironie. Comme les vieux vêtements troués et sales de Socrate allaient de pair avec sa brillante dialectique.

Alors, à la fin, l’objet sculpture de Gérard Fabre est la matérialisation de l’ironie. Il s’agit bel et bien d’un irréel réalisé.

 

Jean-Louis Marcos

Tarifs :

Gratuit

Commissaires d'exposition

Horaires

Du lundi au vendredi de 10h à 12h et de 15h à 19h. Le samedi de 10h à 12h et de 15h à 18h

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Diem perdidi Galerie du Tableau 37 rue Sylvabelle 13006 Marseille France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022