Vladimir Skoda

Exposition
Arts plastiques
Le Creux de l'Enfer Thiers
Le titre de l’exposition, Pluie sidérale, valide pour l’artiste la chute d’eau, le ciel, et le métal déposé sur terre par les comètes, travaillé par l’homme avant d’en faire l’extraction et renvoyant ainsi au mot " sidérurgie ". " Toi qui chemines, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant ", disait un poète. Le trajet de Vladimir Skoda s’est imposé ainsi, et son projet au Creux de l’enfer à Thiers invite chacun à le faire. Sculptures et installations, lumière du jour et projections viendront baliser ce parcours. Les oeuvres exposées sont soit inédites, soit très récentes et rarement présentées en France.

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Vladimir Skoda,

Vladimir Skoda


Pluie sidérale


Vladimir Skoda, à l’origine du monde miroitant


La main, le geste, l’outil et les matériaux

Un oncle forgeron marque la jeunesse de Vladimir Skoda, de même que son beau-père, le peintre Josef Vacke. Il apprend le métier de tourneur-fraiseur, puis travaillera dans une usine à Prague, sa ville natale, où il découvre le dessin, suit des cours du soir et commence à peindre. Le jeune homme accomplit son service militaire dans l’artillerie lourde, et trouve ensuite un emploi de machiniste au théâtre du conservatoire d’art dramatique. En 1968, peu de temps avant que les troupes de l’Union soviétique envahissent la Tchécoslovaquie, Vladimir Skoda, alors âgé de 26 ans, quitte Prague pour venir s’installer en France. Il étudie la langue du pays à la faculté des lettres de Grenoble, suit des études à l’École nationale des beaux-arts de Paris, voyage en Italie, visite les musées, s’intéresse à l’arte povera italien et à l’avant-garde artistique qui agite son époque. Dans ces mêmes années, Robert Morris publie un texte théorique dans la revue Artforum, réfutant un art minimal jugé trop rigide et rationnel : " Les considérations de pesanteur deviennent aussi importantes que les considérations d’espace ", est-il écrit notamment. Bientôt Vladimir Skoda délaisse la peinture, observe le process art et l’antiforme, et engage un travail de sculpture sur le métal. De là naîtra une oeuvre qui ne cessera, à partir d’un axiome sphérique, d’évoluer sur les considérations d’une géométrie céleste. Il développe encore, à l’aide du simple fil de fer, des réalisations, des Pelotes, instituant d’étroites interactions entre la main, le geste, l’outil et les matériaux.

L’expérience physique du métal chaud

Dès 1975, date à laquelle il obtient la nationalité française, Vladimir Skoda amorce ses premiers travaux à la forge. C’est sur l’expérience corporelle et manuelle du métal chaud, dans son rapport tangible à l’acier, qu’il éprouve physiquement les mutations polymorphes de la matière dure. Son art enjambe d’un grand pas l’art conceptuel, axiomatisant des formes universelles, formalisant des valeurs mathématiques. À la galerie Ilanne, pour sa première exposition intitulée Volume = 3,14 dm3, l’artiste décline brillamment une série de formes obtenues avec une même quantité de matière. Son inventaire iconographique se fait simple et fondamental, la forme quasi minérale et primitive. On commence à l’inviter en Europe, et l’artiste construit en 1979 une oeuvre monumentale pour le Symposium Situation 1 à Regensburg, en Allemagne.
Au début des années quatre-vingt, Vladimir Skoda entame une longue collaboration avec la galerie Montenay-Delsol, puis Montenay-Giroux. Les lois qui régissent tant l’infiniment grand que l’infiniment petit, la tenue de la masse dans son espace, les qualités lumineuses et réfléchissantes du traitement de leurs surfaces, s’affirmeront bientôt comme autant de paramètres essentiels. La " boule " commence à s’imposer lors d’une exposition en Allemagne qui se réfère à la colonne et au socle. Mais la sphère deviendra bientôt la figure tutélaire, première, d’abord d’aspect brut, puis ébauchée, spiralée, tronquée. En 1987, Suzanne Pagé invite Vladimir Skoda à l’ARC, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Il y présente une sculpture composée d’une variation échelonnée de dix boules d’acier forgé. Intitulée De l’intérieur, l’oeuvre fait écho à une autre façonnée en 1985 à Thiers, lors du Symposium de sculpture monumentale métallique. Elle s’y dresse toujours, à l’extérieur du musée de la Coutellerie. La galerie Alma, à Lyon, édite par ailleurs une série d’eaux-fortes qui anticipe les avancées de l’artiste dans son titre même,Constellations. Un livre sera édité à cette occasion, avec un texte d’Olivier Kaeppelin. Dans les années quatre-vingt-dix, les boules sont forgées puis tournées, percées de trous ou scarifiées, et seront à l’occasion ornementées d’une délicate marqueterie en fil de cuivre. En 1992, il expose à la galerie Wittenbrink, à Munich, la première sphère en acier inoxydable réfléchissant, basculant son travail sur les images miroitantes du monde environnant. En 1994-1995, Jean-Pierre Greff l’invite à La Chaufferie, galerie de l’école des arts décoratifs de Strasbourg, Dominique Marchès au centre d’art contemporain de Vassivière en Limousin, et Petr Nedoma le présentera à Prague, à la galerie Rudolfinum. Un catalogue suivra, avec un texte de Gérard-Georges Lemaire et une biographie détaillée par Dominique Abensour. En 1998, c’est avec l’École nationale d’art de Nancy et encore l’Atelier 340 à Bruxelles qu’il exposera, et, dans les années qui suivront, en Allemagne, au Canada, en Espagne, en Hongrie, en Corée, en Bulgarie, en Roumanie, en République tchèque, en Italie, etc. La physique sensible, le poétique matérialisé, la lumière et son ombre portée, la profondeur et la légèreté, se fondent et se lissent ici dans un même alliage circonstanciel. La surface sphérique, soyeuse et scintillante comme la voûte céleste, dépasse la finition métallique parfaite. Se positionnant dans le lieu telle une ordonnance astronomique ou un pendule de Foucault, la sculpture situe alors l’espace davantage qu’elle ne s’y installe. Elle semble établir sa propre vision cosmique, et régule de ses motifs striés de véritables mouvements de périodicité.













À l’origine du monde

Sont-ce des investigations raisonnées ? Sont-ce des intuitions personnelles ? Toujours est-il que la sculpture de matière forgée délaisse son poids de gravité pour mieux frôler l’éternité. De même que Kepler arrivant à la conclusion que les trajectoires des planètes sont des ellipses, Vladimir Skoda, dans la lignée de Brancusi, parvient à confondre vérité universelle et esthétique formelle dans la facture sculpturale de formes sphériques, concaves et convexes, concentriques et courbées. Et si dans l’espace nulle gravité, nulle résistance ne vient s’opposer au mouvement, si, à l’origine du monde, le lieu et le temps ne font qu’un, c’est dans cette harmonie froide achevée que toute l’oeuvre forge sa formidable trempe. C’est pourquoi on ne trouvera ici ni scientisme ni ésotérisme ni concepts desséchants... Bien au contraire, c’est une puissance sculpturale entière qui invoque celle de l’imaginaire pour refléter le monde sans les pesanteurs de la raison.



Pluie sidérale

" Toi qui chemines, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant ", disait un poète. Le trajet de Vladimir Skoda s’est imposé ainsi, et son projet au Creux de l’enfer à Thiers invite chacun à le faire. Sculptures et installations, lumière du jour et projections viendront baliser ce parcours. Les oeuvres exposées sont soit inédites, soit très récentes et rarement présentées en France. Au rez-de-chaussée du bâtiment, deux nouvelles sculptures nous reçoivent. La première fait barrage, nous obligeant pour avancer à traverser un rideau de métal ainsi que les flots lourds d’une chute d’eau. Réalisé avec l’aide de l’entreprise d’accastillage Wichard, de Thiers, ce tapis de métal crocheté, cette sculpture murale sont le produit d’un véritable tissage de résidus d’estampage, première étape dans le parcours du visiteur. Elle fait écran à l’oeuvre suivante, encore plus monumentale, toute en surface, posée à même le sol, et qui offre la vision éblouissante d’un monde mis à plat, constitué d’une myriade de billes de roulement. À l’étage, c’est un univers lunaire qui nous attend...

Vladimir Skoda est déjà intervenu à quelques reprises en Auvergne, dont récemment avec Sphères, sculpture interactive, une commande du rectorat de l’académie de Clermont-Ferrand dans le cadre du 1 % construction pour l’IFMA, Institut français de mécanique avancée, sur le campus universitaire Les Cézeaux, à Aubière. L’artiste vient d’acquérir par ailleurs une ancienne usine près de Thiers. Son projet pour le Creux de l’enfer s’est fait avec la collaboration de la célèbre entreprise d’accastillage Wichard, de Thiers. Le titre de l’exposition, Pluie sidérale, valide pour l’artiste la chute d’eau, le ciel, et le métal déposé sur terre par les comètes, travaillé par l’homme avant d’en faire l’extraction et renvoyant ainsi au mot " sidérurgie ".

Frédéric Bouglé, 2005
commissaire de l’exposition,
directeur du Creux de l’enfer

Contact presse Matt Hill,
commissaire associé


Vladimir Skoda est représenté par la galerie Baudoin Lebon à Paris.
Un catalogue sera édité avec la participation du FRAC Alsace dans la collection Mes pas à faire au Creux de l’enfer.
Deux oeuvres ont été réalisées spécifiquement pour l’espace.

Other artists presented

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Partners

la ville de Thiers le conseil général du Puy-de-Dôme le conseil régional d'Auvergne la DRAC Auvergne et le Ministère de la culture et de la communication

Patronage

Wichard SA à Thiers les vins Bouvet-Ladubay à Saumur

Opening hours

14h à 19h tous les jours

Accès mobilité réduite

Oui

Adress

Le Creux de l'Enfer 85 avenue Joseph Claussat 63300 Thiers France
Updated: October 13 2022