Luces Distantes

Dans le cadre du programme d'expositions Grow up présenté à la Fondation Manuel Rivera-Ortiz aux prochaines Rencontres de la Photographie d'Arles, Marc Lathuillière présentera Luces Distantes, un projet soutenu par le Cnap en 2021. 

Grow up est un programme d’expositions, proposant des regards croisés sur le mouvement des plantes à travers le monde. Berceau de la biodiversité et des tensions environnementales, la vingtaine d’artistes a un ancrage géographique en Amérique du Sud, Amérique centrale ou encore à Taïwan. Chaque focus met en avant la relation entre les plantes et l’Homme, explorant les relations locales d’un territoire mais aussi internationales. Cette échelle géographique traverse les récits et questions politiques, sociales, environnementales mais aussi les questions post-colonialistes. De l’Amazonie au Costa Rica, jusqu’à Taïwan, les projets croisent les plantes maîtresses, le chamanisme, la drogue mais aussi l’exploration sensible d’un territoire. Cette relation aux plantes est centrale, celles-ci sont sacrées et au cœur des cultures et croyances locales. Grow up souhaite cultiver et faire grandir les consciences sur notre rapport au vivant.

C'est dans ce cadre que le travail de Marc Lathuillière sera présenté à la Fondation Manuel Rivera-Ortiz. Depuis 2020, le photographe tisse une alliance créatrice avec la communauté afro-descendante de la Madre Unión, au nord de la Colombie. Organisée en Zone de biodiversité, interdite à tout porteur d’armes, celle-ci tente de défendre ses terres, jungle et zones humides, contre la déforestation, les agro-industriels et les narco paramilitaires qui tentent de les leur arracher par la force. C’est dans ce contexte de conflit invisibilisé que, avec les villageois, l’artiste invente des médias de résistance environnementale associant photographies, films, écrits et formes performatives. Les « portraits environnementaux » de sa première visite tentent ainsi de représenter cette lutte, non pas en exposant le visage de celles et ceux qui s’y engagent au péril de leur vie, mais en photographiant leurs liens corporels avec le milieu auquel ils s’identifient. La communauté a renouvelé l’an dernier son invitation, impliquant Marc Lathuillière dans la création et la visibilité de sa garde environnementale, rebaptisée Guardianes Madre Árbol (Gardiens de mère arbre). L’exposition rend compte de cette alliance, sans cesse réinventée sur place et à distance, transformant la Madre Unión en laboratoire d’engagement et de création. Au film tourné en 2022, s’est ajouté cette année un échange de textes-rêves sur oreillers : entre Guardianes d’un côté, et créateurs étrangers de l’autre.