Nid, Camille Bernard

avec Corentin Darré, Simon Lahure et l'Ǝcole
Exposition
Arts plastiques
CAC Brétigny Brétigny-sur-Orge
Signe jeune pousse

Tandis que Cheveux bruns se fond doucement dans le paysage et devient pierre, Cheveux ardents continue d’entrelacer distraitement une de ses longues boucles blondes entre ses doigts. Une cabane s’érige mollement autour de leurs deux corps, s'y emmêle. On ne sait pas bien s’iels sont à l’intérieur ou s’iels sont la cabane. Les branches et les mèches se nouent avec hésitation, formant un réseau flottant de bifurcations et de lignes libres, presque fuyantes. Comme s’il suffisait de tirer un peu, ici sur une branche, là sur la pointe d’une mèche, pour que tout glisse. Que rien ne tienne. La cabane semble devancer sa ruine par son refus de l’achèvement. Malgré ses allures frêles, l’ensemble se maintient pourtant, un peu gauchement. Comme si d’emblée, il n’était pas tant question de durée mais de langueur et de délicatesse, d’une mélancolie douce que le paysage alentour accueille volontiers. Dans sa technicité miraculeuse, l’échafaudage gracile invite à d’autres constructions possibles.

Invitée au CAC Brétigny par l’équipe du centre d’art [1], Camille Bernard, jeune peintre franco-écossaise, présente la série Nid, un nouveau groupe de peintures qui donne son nom à l’exposition. Faire des nids, c’est imaginer des façons de vivre et de faire dans un monde en perpétuel changement. C’est se ménager des lieux, plutôt qu’en aménager; préférer des opérations discrètes et patientes, sérendipitement laborieuses, à une occupation virile de l’espace et du temps. Construire des nids, non pas pour se retirer du monde, mais pour lui faire face. Les meilleurs abris sont ceux dont on peut partir à tout moment, ceux qui autorisent le refus et le désir de changement. Les personnages des tableaux de Camille Bernard le savent, cherchant à réinventer plutôt qu’à s’abriter. Et la réinvention, c’est à plusieurs. Ça passe par l’amitié, par le groupe. Que ce soit dans l’affairement mou, en s’attelant tantôt à élever une coupole de branchages, tantôt à jouer du bout de la langue avec des gouttelettes d’eau; ou dans l’inaction, à l’image de ce trio pensivement absorbé sous des ondulations de fleurs et de lianes, les toiles de l’artiste irradient d’une tranquillité suave et frémissante. Les personnages font corps les uns avec les autres, nichant dans une nature qui embrasse leur activité, comme leur ennui. On s’y réunit, on s’y active, mais on s’y absorbe et on s’y assoupit aussi. On y fait des trucs sans savoir forcément quoi, pour le plaisir de faire. Un peu comme à l’école buissonnière, celle dont on a repoussé les murs et qu’on a choisi de faire sienne.

Alors l'Ǝcole viendra s'y écrire, à la lumière de l'été qui vient chauffer le sol du centre d'art, conviant chacun·e à tresser ses désirs de savoir et de transmission. L’Ǝcole est un espace de discussion et d’expérimentation pour réfléchir ensemble les usages d’une école alternative des pratiques et savoirs en arts visuels. Initiée en octobre 2020 au CAC Brétigny, et se réunissant à raison d’une fois par mois, au gré des confinements, l’Ǝcole a jusqu’ici fédéré un ensemble de personnes d’horizons variés [2] qui ont en commun un désir d’apprendre et de faire autrement. Les communautés rêveuses de Camille Bernard accueillent donc à leurs côtés celle de l’Ǝcole, un groupe aux contours flous, dont la composition varie suivant les saisons, l'envie et la vacance de chacun·e. Un groupe qui continuera de muter et de se développer durant l’exposition au gré des rencontres et des allées et venues. Pour le recevoir, Camille Bernard, avec la complicité des artistes Corentin Darré et Simon Lahure, a façonné un mobilier, enfant du caillou et de la ronce sorti tout droit de ses tableaux. Y prendront ainsi place les activités, les dialogues et les rêveries de l’Ǝcole. De larges pierres et quelques branchages depuis lesquels à son tour concevoir des nids, s’essayer aux cabanes de cheveux, devenir roche et se métamorphoser. Miroirs oniriques de ce qui s’essaie lentement au sein de l’Ǝcole, les univers habités de Camille Bernard poussent au groupement et à l’agitation enthousiaste et tâtonnante de celles et ceux qui se refusent aux rôles et aux identités imposés.

Notes

[1] Le commissariat de l’exposition est en effet collectif, impliquant l’ensemble des postes du centre d’art (direction, médiation, production, communication, régie), les salariées comme les stagiaires. Ont participé à ce commissariat: Milène Denécheau, Camille Duval, Domitille Guilé, Ariane Guyon, Elisa Klein, Louise Ledour, Elena Lespes Muñoz, Camille Martin, Anne-Charlotte Michaut, Mathilde Moreau, Anna Pericchi et Céline Poulin.

[2] Ont participé à une ou plusieurs séances de l'Ǝcole: Mamadou Balde, Juliette Beau Denès, Camille Bernard, Laura Burucoa, Morgane Brien-Hamdane, Margaux Carvalho, Jérôme Colin, Mathis Collins, Thomas Conchou, Etienne de France, Camille Duval, Milène Denécheau, Domitille Guilé, Ariane Guyon, Celine Drouin Laroche, Victorine Grataloup, Loïc Hornecker, Elisa Klein, Daisy F. Lambert, Louise Ledour, Juliette Lefebvre, Elena Lespes Muñoz, Fanny Lallart, Vinciane Mandrin, Camille Martin, Lou Masduraud, Anne-Charlotte Michaut, Marie-Françoise Millon, Céline Millot, Mathilde Moreau, Anna Pericchi, Zoé Philibert, Mélanie Pobiedonoscew, Céline Poulin, Marie Preston, Dina Ravalitera, Sébastien Rémy, Sophie Rogg, Katia Schneller, Emilie Tournellec, Valentina Ulisse, Juliette Valenti, Nathalie Valenti et Gaël Vince.

Télécharger le dossier de presse.

Additional information

Vernissage Dimanche 15 mai, 15h-18h.
Navette gratuite Paris-Brétigny: départ à 14h du 104 avenue de France, 75013 Paris (métro Bibliothèque François Mitterrand).

Exhibition curators

Partners

Le projet Ǝcole s'inscrit dans le cadre du Contrat d'Éducation Artistique et Culturelle (CTEAC) de Cœur d'Essonne Agglomération avec la DRAC Île-de-France et l'Académie de Versailles. L'Ǝcole est conduite en partenariat avec commizariat. Le CAC Brétigny est un établissement culturel de Cœur d’Essonne Agglomération. Labellisé Centre d'art contemporain d'intérêt national, il bénéficie du soutien du Ministère de la Culture—DRAC Île-de-France, de la Région Île-de-France et du Conseil départemental de l’Essonne, avec la complicité de la Ville de Brétigny-sur-Orge. Il est membre des réseaux TRAM et d.c.a.

Opening hours

Entrée libre. Ouvert du mardi au samedi de 14h à 18h.
Nocturnes les soirs de représentation au Théâtre Brétigny.
Fermeture exceptionnelle les jeudis 26 et 14 juillet.

Accès mobilité réduite

Oui

Adress

CAC Brétigny Cœur d'Essonne Agglomération Rue Henri Douard 91220 Brétigny-sur-Orge France

Means of access

Accès depuis Paris en RER C (30 minutes environ):
  • Toutes les 15 minutes depuis Paris, trains BALI, DEBA, DEBO, ELBA direction Dourdan, Saint-Martin d’Étampes. Depuis Dourdan et Saint-Martin d’Étampes, trains LARA, PARI, DEBO direction Saint-Quentin en Yvelines, Gare d’Austerlitz, Invalides.
  • Toutes les 15 minutes depuis Dourdan et Saint-Martin d’Étampes, trains LARA, PARI, DEBO direction Saint-Quentin en Yvelines, Gare d’Austerlitz, Invalides.
  • De la gare de Brétigny, suivre la direction Espace Jules Verne, prendre le boulevard de la République, continuer sur la place Chevrier et au rond-point prendre sur la gauche, rue Henri Douard.
Accès en voiture:
  • Depuis Paris, A6 direction Lyon, sortie Viry-Châtillon, Fleury-Mérogis, puis Brétigny centre.
  • Depuis Évry, francilienne direction Versailles, sortie 39B direction Brétigny.
  • Depuis Versailles, francilienne direction Évry, sortie Brétigny centre.
  • Depuis Étampes, RN20 direction Paris, sortie Arpajon—Égly—Brétigny-sur-Orge—Saint-Vrain.

Pour venir en covoiturage, rejoignez le groupe BLABLACAC(B) sur Facebook.

Updated: October 13 2022