Briller et disparaître / Le spectacle d'un feu de Bruno Peinado

Au SHED
Exposition
Le SHED Notre-Dame-de-Bondeville
Photo : Nicolas Lafon, retouche : Bruno Peinado, courtesy : Bruno Peinado, galerie Loevenbruck, ADAGP.

L’œuvre de Bruno Peinado est emblématique de ce début de siècle. Sensible aux multiplicités du monde, l’artiste manie des modes de montage par hybridation et frottement de référents et de mediums, provoquant ainsi des jonctions poétiques et politiques ouvertes aux interprétations.

Pour son exposition « Briller et disparaître / Le spectacle d’un feu », il réalise une installation in situ. Elle est issue d’un cycle de recherches picturales entamé en 2016 au MRAC de Sérignan par son projet chorale « Il faut reconstruire l’hacienda ». Faisant écho aux développements menés depuis, où la pratique de la peinture s’intéresse à la construction d’un espace commun, d’une possible communauté et la construction de soi, il propose ici, une installation immersive que les publics pourront parcourir comme un jardin aux sentiers qui bifurquent.

Dans cette ancienne usine de mèches de bougies, il convoque ce paradoxe de la permanence de notre fascination pour l’impermanence et notamment celle de la lumière, qu’elle provienne des étoiles, d’une impression de soleil levant ou du spectacle d’un feu. 

Le titre fait référence à un texte de Sénèque observant les astres et s’interrogeant sur les comètes, sur leur statut après qu’elles eurent brillé et par là, à la persistance de tout phénomène.

Il évoque les enjeux d’apparition et de disparition à l’œuvre lors d’une exposition. Les mouvements contradictoires des relations de l’artiste à son travail et au monde et qui, à la manière d’un rideau que l’on manipule ou de la course du soleil sont souvent l’objet de déploiements et de replis successifs. 

« Briller et disparaître / Le spectacle d’un feu » se nourrit ainsi autant de liens à la recherche de la lumière en peinture chère aux impressionnistes, qu’au célèbre palindrome de Virgile « In girum imus nocte ecce et consumimur igni » (Nous tournons en rond dans la nuit et sommes dévorés par le feu) évoquant la fascination macabre de papillons consumés par un feu qui les attire dans l’obscurité.

A partir de mises en relation et de jeux de boucles comme autant d’hommages, il questionne notre héritage des avant-gardes artistiques et ce que nous pouvons réengager aujourd’hui de leurs désirs révolutionnaires. 

Dans Profanations de Giorgio Agamben, le philosophe s’interroge sur les notions de sacré et de profane et développe l’idée que la profanation, c’est-à-dire la possibilité de se saisir des choses, de les mettre à portée de la main et de les donner à voir, est la tâche politique de la génération qui vient.

« Briller et disparaître / Le spectacle d’un feu » est le projet d’un artiste qui donne à voir ses questionnements les plus intimes depuis des modèles défaits de la domination que sont le don, le contre-don et l’hommage.

Il donne à voir tout d’abord les imaginaires du SHED et cette forme de sacré qui émane de ce lieu au passé industriel. Il donne à voir ces vibrations, ces impressions de picturalité que les traces du travail des femmes et des hommes ont pu produire ici.

Il rend hommage au devenir pictural du monde et aux relations ambiguës que la communication et la « pollution visuelle » entretiennent avec le projet réificateur de la modernité.

Il rend hommage à l’adresse de tous ces artistes singuliers (A. Martin, G. Griffa, R. Tuttle...) qui ont mêlé la douceur et le sensible à la rigueur formelle et dont il revendique la possibilité d’un héritage. Ou encore à la pratique d’artiste/enseignant dont les échanges mutuels avec ses étudiant.e.s ( M.Janisset, K.Loumi, R.Bobichon …) ont pu nourrir ses recherches. Mais aussi à l’époque que nous vivons et que les états de sidération récurrents nous empêchent souvent de considérer.

« Briller et disparaître / Le spectacle d’un feu » est une exposition de peinture et de questionnements de peintre sur sa place dans le monde en tant qu’artiste et citoyen. 

Une exposition mise en tension par la complexité de percevoir la période si dense en évènements qui a accompagné la réflexion et la production de ce projet.

Elle se pense donc, depuis la violence des deuils qui nous ont touché de plus ou moins près ces dernières semaines.

Elle se pense depuis les images de Notre-dame de Paris, de l’usine Lubrizol, des banlieues, des forêts primaires ou encore du commissariat de Minneapolis en feu.

Elle se pense depuis les manifestations des minorités socio-économiques, ethniques, culturelles ou de genre et contre l’exclusion systémique des altérités qui touche nos états.

 Elle se donne depuis la nécessité qui est la nôtre de repenser un monde de demain inclusif, défait des erreurs du monde d’hier. 

« Briller et disparaître / Le spectacle d’un feu » est une exposition qui travaille des petites parts de lumière dans une époque assombrie afin de les mettre à notre portée, pour mieux les réfléchir et les amplifier par des jeux de miroirs.

Une exposition qui, par des dispositifs de tableaux abstraits comme des 4 x 3 ou des circuits de rideaux baroques en mouvement, tente de se saisir des états d’impermanence, des alternances de révolution et de contre-révolution et des cycles que la nature et la création invitent à penser. 

Une exposition qui par la constitution d’un vocabulaire de la nuance désire mettre en perspective la notion de composition.

Une exposition qui propose aux spectatrices.eurs, à l’image de la critique faite aux tableaux de Turner de laisser autant de champ à l’imagination que la contemplation d’un feu de cheminée ou d’un vieux mur.

Une exposition faite de surfaces picturales aux couleurs tendres. Nourrie des fascinations pour les teintes de crépuscules ou d’aube naissante. De ces spectacles des fins qui invitent à penser de nouveaux débuts, en somme.  

« Briller et disparaître / Le spectacle d’un feu » a pour projet de proposer un parcours immersif dans la peinture comme un cheminement possible dans notre époque, où les complexités du sensible et de l’attention que l’on porte aux choses peuvent être autant de possibles pour repenser nos imaginaires et nos rapports au monde.


 

Artists

Other artists presented

Flora Moscovici à L'Académie, 96 rue des Martyrs de la Résistance - 76150 Maromme

Partners

Cette exposition est labellisée par le festival Normandie Impressionniste édition 2020.

Reconnu d’intérêt général, le SHED, Centre d’art contemporain de Normandie est soutenu par le Ministère de la Culture / Direction régionale des affaires culturelles de Normandie, la Région Normandie, le Département de Seine-Maritime, la Métropole Rouen Normandie / Réunion des Musées Métropolitains ainsi que les Villes de Maromme et de Notre-Dame de Bondeville.

​Il fonctionne aussi grâce à l’engagement de ses partenaires privés (Champagne Porgeon et fils, Hélio service, Vin sur vin, SOMEDEC et DAS), de ses mécènes et de ses bénévoles.

Le SHED participe à Rrouen, réseau d'art contemporain de Rouen et métropole et à RN13bis, qui associe les lieux d'art contemporain de la Normandie. Il est adhérent de Rouen Normandie Tourisme & Congrès, ainsi que membre partenaire de la Fraap.

Opening hours

Ouverture du vendredi au dimanche de 14h à 19h et sur rendez-vous

Prices, rates

Entrée libre

Accès mobilité réduite

Oui

Adress

Le SHED 12 rue de l’Abbaye 76960 Notre-Dame-de-Bondeville France

Means of access

Attention, l'accès à l'entrée du SHED est modifié. Veillez à ne pas stationner votre véhicule près de la cheminée Gresland, vous avez la possibilité de vous garer bien plus proche de notre entrée publique.

En transport en commun, depuis le centre ville de Rouen vers le SHED : 

T2, direction Mairie de Notre-Dame de Bondeville - Victor Schoelcher (terminus)

F4, direction Hameau de Frévaux - arrêt Artois

Vers l'Académie : 

T2, direction Mairie de Notre-Dame de Bondeville - arrêt Demi-Lune

F4, direction Hameau de Fréveaux - arrêt Saint-Just 

En voiture :

A13 direction Rouen puis A150, sortie Maromme

En train :

gare de Maromme via Rouen Rive-Droite

Updated: October 13 2022