Alexandra TLMAN

Projection du Film CADENCE
Exposition
Film, vidéo
OÙ Lieux d’Expositions pour l’Art Actuel Marseille

Du singulier au pluriel, du père à son fils, d’une entreprise aux ouvriers licenciés, d’un habitant dans une ville en friche, les cadences ne sont pas celles du travail des pères ou des musiques des fils. Dans les années 90 au Havre, la décadence est celle des emplois, la démesure vient avec la techno, les free parties s’improvisent dans chaque espace déserté. Le film d’Alexandra Tilman témoigne de ces situations sans céder à d’évidentes fascinations, le recul donne un tel point de vue distribué.

From singular to plural, from a father to his son, from a factory to laid-off workers, from a resident in a urban wasteland, cadences are different from those of the fathers’ work or the sons’ music. Le Havre in the 1990s : decadence lies in the job market, outrageousness comes from techno music, free parties materialize in every deserted place. Alexandra Tilman’s film depicts these situations without giving in to obvious fascinations, her perspective offering a mosaic-like viewpoint.

Version originale : Français. Sous-titres : Anglais. Scénario et image : Alexandra Tilman. Montage : Aurélien Manya. Son : Jocelyn Robert. Production : Alexandra Tilman.
France
2014
Couleur, HD
37’
Avec Emilien Dessole.
Filmographie
Des fois je me demande, 2007

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Cadence
La musique, les sons suggèrent les flux, les entrelacs, la continuité à un point tel que l’on en oublierait les arrêts, retenues, attentes, respirations, silence. Si dans un film, la cadence est celle des images (le terme ici désignant la vitesse de défilement de la caméra ou du projecteur), en musique la cadence ne se confond pas avec la pulsation, le rythme ou le tempo, ce n’est pas celle de la danse non plus (là, la mesure régle le mouvement des interprètes), moins omniprésente, elle désigne un arrêt, une singularité, une énigme en guise de ponctuation. Toute séquence se clôt par une cadence, même celle laissant en devenir ce qui va suivre. Pour un orchestre, la plus affirmée, la plus conclusive est dite parfaite (une suite de notes menant à une résolution, un retour vers le ton principal), d’autres sont qualifiées selon les cas, imparfaite, plagale, rompue, succédant à celles dites de Landino ou à double sensible. Les mixages les plus récents reprennent ces formes du passé ou proposent parfois de
nouveaux arrangements, de nouvelles ruptures. Un film impose ses propres césures. Avec la pellicule, images et sons se séparent d’un seul coup de lame. Le montage devient ainsi, entre autres, une succession de cadences sonores. Face aux profusions des pistes audio, aux persistances disparates envahissant les nouvelles interfaces de montage, les coupes se distribuent parmi les fondus et autres soustractions induites ou suggérées. Les films de cet écran consacré aux sons et à la musique partagent cette liberté de mouvement où se succèdent maintien ou abandon, “Cadence”, une suite de coupes propices à un découpage s’édifiant sur toute la durée d’une projection. Si l’on se confronte aux logorrhées d’un bouilleur de cru l’exercice s’impose, l’ingénieur du son transpose son art du réglage en une alchimie spiritueuse, “Rakijaki dnevnik” de Damir Cucic. Face à l’environnement stable où s’exerce une profession décalée, patiente le rebond est nécessaire, “Jet Lag” de Eloy Domínguez Serén. La coexistence de drones fascinant un compositeur, “The movement of Phill Niblock” de Maurits Wouters, l’action est contrainte. La direction du regard peut se substituer au cillement, les mouvements de caméra prenant l’importance des coupes comme dans un plan-séquence, un road-movie alternant l’intérieur ou l’extérieur du véhicule, “À composer” de Daniel Kötter. Même un simple clip ne se résume pas à une seule chaussette animée, “One shoe Blues starring B.B. King” de Sandra Boynton. Le riff de guitare impose ses pointillés face à la constance d’un piano, la brièveté raréfiée du saxophone au loin, sans oublier le surgissement d’un trio vocal imposant soudainement un silence. Sans caricature, une image est immédiatement remplacée par une autre. Un fondu, un mélange ou un noir ne change rien face à cette vélocité. Plus lents, les sons résonnent en écho après leur disparition. Rien n’oblige à suivre ce que suggèrent les matériaux. Ces «deux régimes de fous» se confrontent en cadence. (GG)

Additional information

OÙ Résidence Méditerranée Alexandra TILMAN – artiste en résidence du 18 novembre au 15 décembre 2016
Présentation de son travail du 18.11 au 15.12 – sur rdv tous les jours même le dimanche.

Partners

Partenariat avec le Festival International du Film & Documentaire – FIDMarseille [http://www.fidmarseille.org/index.php/fr/]

Adress

OÙ Lieux d’Expositions pour l’Art Actuel 58 Rue Jean de Bernardy 13001 Marseille France

Means of access

M1 : Réformés Canebière / T2 : National
Updated: October 13 2022