Dark Room

La Galerie Roger Tator, qui défend la création contemporaine depuis douze ans, accueille Büro Destruct, studio helvétique au nom schizophrène qui intrigue. Les cinq graphistes aux caractères bien frappés investissent la Cité du Design avec le projet Dark Room, proposant une autre lecture du Graphisme au visiteur. Büro Destruct a acquis une notoriété internationale à travers ses réalisations : pochettes de disques, catalogues, caractères et de nombreux logos. Pour leur première participation à la Biennale, le collectif bernois veut interpeller le visiteur, lui révéler la forme, présente dans toutes les disciplines du Design, le pousser à s’y attarder, à l’instar du regard qu’il porterait à un meuble. A travers une mise en scène ludique, le collectif s’appuie sur les possibilités du papier lumineux qui révèle au spectateur un signe, par le déclenchement soudain de flashs. Un signe qui reste imprimé sur la rétine, un moment, suffisamment pour s’y attarder. En envahissant notre champ de vision et notre mémoire, Büro Destruct poursuit son travail de préservation des formes, à l’image du recensement déjà effectué pour loslogos. En révélant au public une approche du processus créatif, en lui présentant l’accouchement de formes lisibles, Büro Destruct interagit à distance avec lui et l’invite à réfléchir sur le danger d’une certaine hégémonie des formes dans le monde. Ce projet, comme la plupart de leurs travaux, est un manifeste. Il n’en fallait pas plus pour une première présentation de Graphisme à la Biennale de Saint-Etienne. Guillaume Frauly