Daniel Pommereulle — L'expérience intérieure, 1960 - 1966

Exposition
Arts plastiques
Galerie Christophe Gaillard Paris 03

« Je travaille comme le martin-pêcheur, plonge, essaie de plonger dans le fond du moi-même mental. Les visions commencent à être exploitées »
Daniel Pommereulle, avril 1962

Alors qu’au Centre Georges Pompidou se tient cet été une grande rétrospective consacrée à la « Beat Generation » et à l’histoire de ce mouvement subversif, littéraire et artistique né dans l’après-guerre aux Etats-Unis, l’exposition à la galerie Christophe Gaillard est l’occasion de redécouvrir l’oeuvre de jeunesse de Daniel Pommereulle. Figure majeure de la scène artistique d’alors, il a participé aux premiers happenings d’Allan Kaprow et Jean-Jacques Lebel et fait partie de cette génération d’artistes qui ont utilisé leur corps « comme laboratoires ambulants » .

En 1960, Daniel Pommereulle a 23 ans. Il peint une première série d’huiles sur toiles : Nuages. Leurs couleurs pastel renvoient à l’univers onirique d’Odilon Redon, qu’il cite parmi ses maîtres. Leurs lignes vibrantes dessinent un paysage mental. La Larve rappelle les créatures imaginées par l’auteur de Dans le rêve (1879) et de la Coquille (1912). Son Buveur de thé évoque les brumes des paradis artificiels, visions sous l’emprise du haschich ou de l’opium.

Les Nuages portent les germes de ses recherches futures. « Sa peinture se meut sur le terrain de l’intériorité et des révélations» écrit en 1962 Alberto Martini, lors de sa première exposition personnelle à Ravenne. L’espace mental s’y déploie dans le mouvement des volutes et des spirales qu’il trace à l’encre de chine.

Comme l’aquarelle, la technique de l’encre nécessite un geste rapide, fluide. Vitesse, mouvement, pulsation sont les termes de cette nouvelle exploration. Réalisés à Venise, probablement sous haschich, les dessins de Daniel Pommereulle suivent la logique de la sensation. L’oeil se perd dans les méandres opaques de l’encre sur le papier, se dilate face à l’espace laissé aux blancs, se réjouit de voir surgir les symboles qu’il croit reconnaître. Une dizaine de dessins accompagne les encres de grand format. Le trait y devient nerveux, les formes organiques.

Daniel Pommereulle connaît et admire l’oeuvre de son contemporain Henri Michaux qui s’est lancé dans l’étude écrite, dessinée et peinte de l’effet des drogues (de la mescaline et du haschich surtout) sur ce qu’il nomme « le problème de l’être ». Comme beaucoup d’autres artistes dans les années 1960, ils cherchent par tous les moyens à stimuler les voies de la création. Leurs oeuvres sont les réceptacles de ces expériences sensorielles, les transpositions d’un ailleurs halluciné.

Des visions des Nuages et des encres italiennes du début des années 1960 aux Objets de tentation - LSD, opium, héroïne et drogues diverses disposées sur des tablettes en marbre à portée de main des visiteurs - de la galerie Mathias Fels en 1966, l’oeuvre singulière de Daniel Pommereulle retrace, parfois jusqu’à la mise en danger ou au vertige, l’expérience intérieure.

À l’occasion de l’exposition, la galerie est heureuse de publier un ensemble de reproductions et de documents d’archives des années 1960 inédit et éclairant sur l’influence des psychotropes dans l’oeuvre de Daniel Pommereulle.

Horaires

du mardi au vendredi, de 10h30 à 12h30, et de 14h à 19h le samedi, de 12h à 19h

Adresse

Galerie Christophe Gaillard 5 Rue Chapon 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022