CARLOS KUSNIR

Exposition
Arts plastiques
Diem perdidi Galerie du Tableau Marseille

Des formes mi singe mi ornement, à moins qu’elles ne soient un peu balai mais aussi brique…qui

laissent le critique dans un même état d’indécision et de silence impuissant que celui dans lequel se

trouvèrent sans doute les premiers naturalistes qui se trouvèrent face à face avec un ornithorynque.

Rappelons, en effet, que lorsque, en 1798, le gouverneur de Nouvelle-Galles du Sud envoya le premier

spécimen découvert par des Européens en Grande-Bretagne, les scientifiques britanniques crurent

d’abord à un canular : un montage du a un taxidermiste asiatique qui aurait, pensait-on, cousu

ensemble un bec de canard et la fourrure d’une sorte de castor. Ce que leurs catégories a priori ne leur

permettaient pas d’appréhender, ils ne pouvaient en accepter l’existence.

De fait, Kusnir a tout du taxidermiste asiatique, à ceci près que son art, loin de produire du faux, à

coup de montages et de coutures cachées, fait de lui un véritable créateur d’ornithorynque, au sens le

plus fort du terme créateur : quelqu’un qui introduit dans le monde de la peinture de nouvelles espèces

qui, par nature, défient l’entendement de qui ne conçoit bien que ce qui s’énonce clairement.

L’une des rares choses qu’aient bien voulu me dire Carlos Kusnir, lorsque nous avons discuté de la

rédaction de ce texte, fut, sur le mode de la remarque incidente, qu’il trouvait incroyable que certains

critiques soumettent leurs textes aux artistes, avant impression, pour approbation. Remarque qui tant

par la manière dont elle fut formulée – en passant, en ayant l’air de parler d’autre chose que de ce pour

quoi nous étions-là, c’est-à-dire pour parler de son travail de peintre – que par le dédain de tout

consensus qu’elle exprime, dit admirablement l’attitude de Kusnir : cette façon de trouver que tout

malentendu est plus fécond qu’on ne sait quel ennuyeux accord. L’artiste n’est pas là pour dire oui,

mais pour déjouer toute approbation et tirer de cette posture sans cesse critique la force d’inventer du

nouveau, c’est-à-dire de l’indescriptiblement nouveau. Dès lors, si un texte parvenait à dire avec

exactitude ce que fait Carlos Kusnir, alors, sans aucun doute, ce dernier aurait le sentiment d’avoir

échoué. Gageons que ce texte n’a pas encore été écrit.


Pierre Wat - Extrait du texte de l'exposition à Lab-Labanque

Tarifs :

Gratuit

Commissaires d'exposition

Horaires

Du lundi au vendredi de 10h à 12h et de 15h à 19h. Le samedi de 10h à 12h et de 15h à 18h

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Diem perdidi Galerie du Tableau 37 rue Sylvabelle 13006 Marseille France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022