Boris Mikhaïlov - FotoZeit Salzau, Soviet Collective Portrait, When My Mama Was Young

Exposition
Photographie
Galerie Suzanne Tarasiève Paris 03

When My Mama Was Young

Le fait de penser tout le temps au passé soulève la question de la « permission ».

Je me demande s’il est possible de « retourner » dans le passé pour y créer quelque chose qui lui corresponde.

Ce pourrait être une fiction, bien sûr… Mais ce serait très intéressant d’essayeWhen My Mama Was Young

Le fait de penser tout le temps au passé soulève la question de la « permission ».

Je me demande s’il est possible de « retourner » dans le passé pour y créer quelque chose qui lui corresponde.

Ce pourrait être une fiction, bien sûr… Mais ce serait très intéressant d’essayer de cerner la notion même de danger et ce que permet l’époque.

Le temps passe et il reste le pur souvenir. J’ai cherché à déterminer le degré de permissibilité.

Les jeunes oublient tout… Les souvenirs se perdent… Ce livre n’existe pas.

Il était intéressant de découvrir des moments, de découvrir quelque chose de nouveau dans le passé… Et cette nouveauté devait correspondre aux anciens critères soviétiques.

Il était intéressant d’essayer de créer un portrait soviétique collectif. C’était une sorte de test, comme une tentative de transmission à la communauté aujourd'hui.

Quelle était mon intention ? Montrer, transmettre une angoisse (la peur), faire le récit photographique de la vie de l'époque.

Beaucoup de sentiments de cette époque, je les ai connus toute ma vie. Et ce passé était intéressant pour moi, et était écœurant aussi… Mais j’en suis sorti… Pourquoi vouloir y retourner ? L’une de mes envies était de faire les photographies qui n’ont pas été prises à cette époque.

Je n’ai pas essayé de photographier un « événement ». J’ai essayé de photographier le sentiment qui s'en dégage… l’ATMOSPHÈRE.

Est-il possible aujourd’hui de prendre des photos du passé ? Au cinéma, c’est possible, en peinture, on peut… Il est possible de faire un livre, de faire des photographies mises en scène… Mais quand on touche à la vérité, tout commence à trembler. On ne sait pas ce qu'est la vérité, et ce qu’elle n’est pas… Quel mot étrange, « vrai ».

Il y a une sensation du passé dans ce tremblement actuel.

Mais la question reste posée : le photographe peut-il, doit-il, faire des photos du passé ?

Aujourd’hui il POURRAIT, apparemment… Et c’est parce que la photographie continue aussi à trembler qu’un traitement informatique remplace la vérité. Et le tremblement devient un des principes esthétiques.

« Drapeau rouge sur le Reichstag » (1945)… Cette photo a été prise quelques jours après les évènements… et elle semble vraie ! Même prise une semaine plus tard, elle serait encore vraie… Quelle distance temporelle doit séparer l'événement du moment où est prise la photo, pour que celle-ci soit vraie ?

Pour moi, cette série a commencé à fonctionner quand les photographies prises dans un passé artificiel [durant le tournage du film « Dau » (2007) d'Ilya Khrzhanovsky sont associées aux photographies prises maintenant ou depuis longtemps. C’est comme si je réduisais la distance temporelle.

Une autre raison de ressusciter le passé, c’est de le comparer avec le présent. Essayer de comparer la vie d’autrefois et celle d’aujourd’hui. Si on compare l’ancien et l’actuel, il se trouve que le pire se trouve dans le présent. L’aggravation vécue aujourd’hui est comparable.

En mélangeant le passé fictif avec le passé et le présent réels, on parvient à un total, à une combinaison représentative de l'époque, à laquelle on peut relier le moment présent.

La réalité de substitution et la fiction du réel, inscrites dans différentes périodes, c’est la proposition que je peux faire à notre époque actuelle. Et Maman est la raison de parler de tout cela.

Boris Mikhaïlov, 2013

(Traduction : Jeanne Bouniort)

*Remerciement : Ilya Andreevich Khrzhanovskyr de cerner la notion même de danger et ce que permet l’époque.

Le temps passe et il reste le pur souvenir. J’ai cherché à déterminer le degré de permissibilité.

Les jeunes oublient tout… Les souvenirs se perdent… Ce livre n’existe pas.

Il était intéressant de découvrir des moments, de découvrir quelque chose de nouveau dans le passé… Et cette nouveauté devait correspondre aux anciens critères soviétiques.

Il était intéressant d’essayer de créer un portrait soviétique collectif. C’était une sorte de test, comme une tentative de transmission à la communauté aujourd'hui.

Quelle était mon intention ? Montrer, transmettre une angoisse (la peur), faire le récit photographique de la vie de l'époque.

Beaucoup de sentiments de cette époque, je les ai connus toute ma vie. Et ce passé était intéressant pour moi, et était écœurant aussi… Mais j’en suis sorti… Pourquoi vouloir y retourner ? L’une de mes envies était de faire les photographies qui n’ont pas été prises à cette époque.

Je n’ai pas essayé de photographier un « événement ». J’ai essayé de photographier le sentiment qui s'en dégage… l’ATMOSPHÈRE.

Est-il possible aujourd’hui de prendre des photos du passé ? Au cinéma, c’est possible, en peinture, on peut… Il est possible de faire un livre, de faire des photographies mises en scène… Mais quand on touche à la vérité, tout commence à trembler. On ne sait pas ce qu'est la vérité, et ce qu’elle n’est pas… Quel mot étrange, « vrai ».

Il y a une sensation du passé dans ce tremblement actuel.

Mais la question reste posée : le photographe peut-il, doit-il, faire des photos du passé ?

Aujourd’hui il POURRAIT, apparemment… Et c’est parce que la photographie continue aussi à trembler qu’un traitement informatique remplace la vérité. Et le tremblement devient un des principes esthétiques.

Drapeau rouge sur le Reichstag… Cette photo a été prise quelques jours après les évènements… et elle semble vraie ! Même prise une semaine plus tard, elle serait encore vraie… Quelle distance temporelle doit séparer l'événement du moment où est prise la photo, pour que celle-ci soit vraie ?

Pour moi, cette série a commencé à fonctionner quand les photographies prises dans un passé artificiel [durant le tournage du film « Dau » (2007) d'Ilya Khrzhanovsky sont associées aux photographies prises maintenant ou depuis longtemps. C’est comme si je réduisais la distance temporelle.

Une autre raison de ressusciter le passé, c’est de le comparer avec le présent. Essayer de comparer la vie d’autrefois et celle d’aujourd’hui. Si on compare l’ancien et l’actuel, il se trouve que le pire se trouve dans le présent. L’aggravation vécue aujourd’hui est comparable.

En mélangeant le passé fictif avec le passé et le présent réels, on parvient à un total, à une combinaison représentative de l'époque, à laquelle on peut relier le moment présent.

La réalité de substitution et la fiction du réel, inscrites dans différentes périodes, c’est la proposition que je peux faire à notre époque actuelle. Et Maman est la raison de parler de tout cela.

Boris Mikhaïlov, 2013

(Traduction : Jeanne Bouniort)

*Remerciement : Ilya Andreevich Khrzhanovsky

Artistes

Horaires

Ouvert du mardi au samedi de 11h à 19h & sur rendez-vous

Adresse

Galerie Suzanne Tarasiève 7, rue Pastourelle 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022