Per BARCLAY
Hors échelle
par frédéric bouglé, commissaire de l’exposition
Depuis le début des années 1980, Per Barclay développe une œuvre personnelle passant par des registres plastiques précis. L’œuvre s’élabore dans son esthétique remarquable, et autant par la photographie que l’installation spatiale (parfois sonore - souvent éphémère) et des constructions sculpturales. Ses matériaux seront fluides et solides, industriels et organiques. Ils formalisent contenant et contenu, énergie et mouvement, pur et impur, soulignant le danger de l’action et la sérénité du noir profond.
Les problématiques de Per Barclay creusent au fil des années des notions bien définies et maîtrisées. Sa réflexion artistique se place au plus près de l’individu contemporain éprouvant dans son quotidien une tension physique touchant à l’existentiel.
Ses installations éphémères « Oil Rooms » ou « Chambers » en représentent la manifestation la plus spectaculaire. Baignant le sol d’un mélange liquide sombre, (le plus souvent huile de vidange) l’installation par son effet réfléchissant sanctifie l’espace en le dédoublant visuellement, telle la sculpture d’Athéna dans la pièce d’eau du Parthénon. C’est ce type d’intervention majestueuse qui prévaudra au rez-de-chaussée du centre d’art sur un espace délimité entre quatre poteaux centraux. L’œuvre valide l’idée du reflet et du leurre, vecteurs d’une métaphysique architecturale. Ses installations positionnent l’observateur dans un trouble entre fascination et appréhension ; invitant autant à la circonspection de l’esprit qu’à la circonvolution des corps .
Une série d’une vingtaine de bas-reliefs et de sculptures en ronde-bosse sera présentée à l’étage. Le propos plastique appuie sur le questionnement du châssis et du cadre dans la représentation picturale. Il s’agit de considérer la contingence géométrique de la perspective spatiale propre à la tradition d’un art de l’image, l’art visuel à deux dimensions et l’art visuel à trois dimensions. Mais il s’agit encore d’éprouver l’expérience physique de la ligne et du plan, à partir d’un dispositif de règles inversées propre à interroger l’immanence matérielle et le sens de l’échelle. Cet ensemble unique et de facture récente sera présenté pour une première à l’étage du centre d’art.
Des photographies de grand format collées directement aux cimaises (tirage numérique impression pigmentée) reprendront des œuvres photographiques d’exception qui viendront renforcer le propos en le renvoyant à la géométrie naturelle et sensuelle du corps humains, féminin et masculin, saisi de profil et de dos. Certaines photographies réalisées d’après modèle sont inédites, d’autres reprises à la collection du MUSEET FOR SAMTIDSKUNST, The National Museum of Contemporary Art of Oslo, et renvoient à l’histoire de l’art (le Penseur de Rodin ou "le dos de la musicienne" dans Le Bain turc de Ingres), traitées ici dans une épure formelle stricte et minimale.
Tarifs :
Entrée libreComplément d'information
l’artiste a exposé au rez-de-chaussée du Creux de l’enfer en 1991.