Aubervilliers in situ

À cette occasion Yan Ciret présentera « La Nuit des émeutes ». Les soulèvements, les émeutes, les révoltes, dans leur mouvement insurrectionnel, remettent en jeu la disposition de l’espace, changent la configuration du temps.

Une situation psychogéographique se crée dans l’acte des corps qui se relient dans l’imprévisible de l’événement. Stratégie du choc, comme Benjamin parlait «d’esthétique du choc» pour le montage. Infinie plasticité des émeutes dont les images inventent une carte qui déplace l’ordre des territoires.

En parallèle Gwenola Wagon et Stéphane Degoutin présenteront quelques uns des éléments de leur projet d’un musée furtif de l’imaginaire terroriste. Ce projet est développé pour un aéroport international et des téléphones mobiles.

Implanté dans les zones de transit des grands hubs mondiaux, ouvert jour et nuit, le musée propose une immersion dans un imaginaire qui n’est pas séparé du réel, c’est une couche supplémentaire ajoutée au lieu qui se visite en circulant dans l’aéroport, en enregistrant ses bagages, en passant les portillons de détection d’armes, en attendant son avion, en achetant des cigarettes en duty free. Musée furtif, il s’infiltre directement sur les lieux de sécurité et les cibles potentielles qu’ils constituent. Il s’insinue par les réseaux disponibles (Gsm, Wifi, Gps…), partout dans l’aéroport, y compris les espaces de surveillance.

Le musée s’explore sous la forme d’une suite d’essais géolocalisés interrogeant l’aéroport comme lieu où se combinent plusieurs fantasmes sous leur forme la plus concentrée et la plus hystérique : le fantasme de la catastrophe, le fantasme de la surveillance absolue, le fantasme de la circulation mondiale instantanée, le fantasme du shopping illimité.

Yan Ciret est commissaire d’exposition, essayiste, conférencier. Il collabore à de nombreuses revues (Art press, Le Magazine Littéraire, Mouvement, nonfiction...) et est producteur à France-Culture. Il a conçu la rétrospective « l’Internationale Situationniste, Après la fin de l’art (1945-2003) » au Musée d’art moderne de Saint-Étienne, en 2004.

Gwenola Wagon et Stéphane Degoutin sont artistes, chercheurs et enseignants (respectivement à l’Université de Paris 8, Arts plastiques, et à l’ENSAD). Ce duo travaille sur les potentialités attractives des périphéries urbaines et réalise des films, des textes, des images, des architectures fantastiques et des interventions in situ.

Stéphane Degoutin est l’auteur de « Prisonniers volontaires du rêve américain » en 2006 (éd. de la Villette).