Anna-Eva Bergman, Galerie Jérôme Poggi, Paris, 2014

Biographie

(Stockholm 1909 – Grasse 1987)


L'œuvre d'Anna-Eva Bergman peintre norvégienne et française, se situe hors du territoire de l'histoire de l'art envisagée dans une conception progressiste fondée sur la succession des avant-gardes artistiques. L'usage de matériaux tels que des feuilles d'or et/ou d'argent conjugué à celui de la peinture et un attachement au symbolique à même de révéler une conception métaphysique du paysage la place en décalage par rapport aux enjeux esthétiques majeurs du XXe siècle. Reconnue de son vivant, et néanmoins tenue dans une position marginale, son œuvre suscite un regain d’intérêt aussi bien critique qu’artistique important depuis quelques années.


Après des études artistiques à Oslo et à Vienne, Anna-Eva Bergman se rend à Paris en 1929 où elle suit pendant quelques temps les cours d’André Lhote. Elle rencontre Hans Hartung avec qui elle se marie quelques mois seulement après leur rencontre. A la fin des années vingt et au cours des années trente, son œuvre se compose essentiellement de dessins et d'aquarelles tout à la fois naïfs, pleins d'humour et d’une critique sociale ou politique parfois féroce à l’approche de la guerre, relevant du domaine de la caricature. Elle se sépare une première fois de Hans Hartung en 1937, et retourne alors vivre en Norvège. Les années de guerre seront pour elle des années de formation intellectuelle. Elle étudie la philosophie, la littérature et les lois architecturales, tout en menant une activité d’illustratrice pour l’édition et la presse.


Elle reprend la peinture au début 1946 et vers la fin des années 40 réalise un grand nombre d’œuvres abstraites (de 1949 à 1951 sur 3 ans j’ai répertorié pour le moment 450 œuvres, je pense que ce n’est pas quelques !), Puis, très vite, elle trouve le langage plastique qui signe son œuvre, profondément inspiré par sa culture norvégienne et son observation des vastes paysages nordiques qu’elle découvre en voyageant aux Nord de la Norvège et des Iles Lofoten, à la frontière de la Russie. En 1952 elle rejoint Hartung à Paris avec qui elle se remarie en 1957.


De 1952 à 1987, elle explore une même recherche et parvient à créer des icônes modernes, images de l'absence, de plus en plus marquée par une forme de minimalisme incarné que certains critiques rapprochent plus volontiers de la peinture américaine de Mark Rothko ou Barnett Newman, que de celle dominant alors le paysage artistique français. La Galerie de France lui consacre une première exposition personnelle en 1958. Les années soixante seront celles de l'épanouissement de sa carrière artistique : exposition en 1966 à la Kunstnernes Hus d'Oslo ; en 1967, à la Galleria Civica de Turin ; en 1969, elle représente la Norvège à la Biennale de Sao Paulo. Une rétrospective en 1977-1978 au Musée d'Art moderne de la Ville de Paris couronne son parcours cependant modeste au regard de la singularité et de l’importance de son œuvre.


Ce n’est que quelques années après sa disparition, que son travail commence à susciter un intérêt en soi, dégagé de son contexte biographique et historique. La création de la Fondation Hans Hartung-Anna Eva Bergman en 1994 fournit alors aux chercheurs un matériau exceptionnel, riches de milliers d’œuvres et archives, pour étudier la portée et l’originalité de son œuvre. A côté de plusieurs expositions monographiques importantes organisées en Norvège, Allemagne, Suède ou en France (Musée Picasso d’Antibes en 1995, Musée des Jacobins à Toulouse en 2000, etc), des commissaires d’exposition tels Michael Tarentino (Event Horizon, Irish Museum of Modern Art, 1996) confrontent son œuvre au travail d’artistes contemporains, soulignant sa puissance universelle et atemporelle, et ouvrant ainsi des perspectives nouvelles à travers lesquelles découvrir son œuvre aujourd’hui.

Dernière mise à jour le 10 septembre 2014