Agnès Petri : terrains vagues

Ici les terrains font des vagues. Ils deviennent vagues. Semblent bouger, onduler, et prendre corps dans le mouvement suggéré aux herbes par le vent imaginaire. Ils n’étaient pas seulement terrains, ils étaient aussi et surtout sols. Mais de sols ils sont devenus terrains parce que délimités d’un coup incisif, tranchés dans le vif comme une biopsie à la recherche d’une pathologie, c'est-à-dire d’une histoire. Une histoire millénaire et de notre temps en une seule tranche. Une histoire figée dans la résine brillante et attirante aux formes féminines ( la terre), sensuelles. Une histoire de peau et de nature. Les volumes sont dressés depuis le sol au mur dans une ellipse horizontale-verticale qui transforme le plan en ventre de plaisir ( fécondité) attendant de mettre au monde un nouveau Goldsworthy. Notre image s’y reflète indistinctement dans un miroir vert, dans un flou qui dit au fond la difficulté entre l’homme et la terre. On se prend à penser au monochrome et à une certaine peinture gestuelle et l’on reprend curieusement pied face à la motte de terre.<