20 ans Richard BAQUIÉ

ANNE KAWALA, MARC PERRIN, JEAN DE SAGAZAN, RICHARD BAQUIÉ, & PLUS
Exposition
Arts plastiques
OÙ Lieux d’Expositions pour l’Art Actuel Marseille

 

 

Expositions et Lectures

 

Cher.ère.s ami.e.s,

C’est une grande joie de programmer “Conversations” pour samedi 13 février 2016 à 19h précises …

En parlant avec Pedro Morais et Cédric Aurelle, tous deux critiques d’art, il est apparu que les conversations chez OÙ à partir de trois personnes les animant, prendraient des directions différentes dans le travail de Richard Baquié …

Pour exemple, le 17.01.2016 à 17h …. Anna Dezeuze a donné à penser sa difficulté première à l’approche du travail de Baquié, puis après ton intérêt accepté … Et cela a plus qu’intéresser les jeunes artistes actuels …
Philippe Munda a parlé des éditions (textes, images et duplication) et de photographie … Le tout très présent dans le travail de RB. Et de façon très actuelle a fait des liens avec des artistes qu’il présente au Salon du Salon, dont il est le directeur.
Jean de Sagazan a échangé sur la rencontre avec Jean-Michel Alberola (son professeur aux BA de Paris de 2011 à 2013 … Professeur aux BA de Paris comme RB, qui appréciait beaucoup le travail et les écrits de JMA) … Puis a parlé de peinture (récurent chez RB) et des liens croisés entre ces deux artistes, vu par Jean … Dont les oeuvres “Suzanne” sont présentées chez OÙ.
Pedro Morais a visité l’exposition dernièrement et Cédric Aurelle qui s’intéresse à ce que nous proposons chez OÙ, va venir très prochainement … Pedro apprécie la dimension performative dans certaines oeuvres de RB et qui sont présentées dans l’exposition chez OÙ … Sinon j’avais invité aussi Jean-Alain Corre, mais il n’a pas pu venir, partie remise. Et aussi Jean-Michel Alberola (évidemment il m’a fait comprendre que ce ne serait pas possible … il a une expo au Palais) ; quand à Jean-Alain Corre, il devrait aborder la sculpture de Richard Baquié telle qu’il la pratique lui-même et qui est dans l’air du temps, la récup et etc … & qui fait écho à certaines oeuvres de Baquié qu’il affectionne particulièrement.
J’aurais aimé invité François Piron mais il est over book en janvier 2016 pour venir dans cette belle aventure !!!
Ça été une conversation magique !!!

Eh bien nous renouvelons notre proposition ce samedi 13 février 2016à 19h précises !!!

“Alors, attention, ça commencera samedi 13.02 chez OÙ lieu d’exposition pour l’art actuel, chez Axelle, à Marseille, à 19h, ça sera là que commencera très officiellement le lancement de mon cycle de poésie critique (même si déjà expérimenté en loucedé à Strasbourg, au mamcs), ça sera avec le travail de Richard Baquié et de Jean de Sagazan, et d’autres c’est sûr, plein on verra, on verra comment ça se compose au fur et à mesure, et aussi avec les oeuvres in-situ, ce ne seront plus des projections dans l’air d’oeuvres peut-être communes, les oeuvres seront bien présentes, ça va poser la question de savoir comment disposer les poèmes, les poèmes ne sont pas des cartels, comment les disposer, les prendre, les parcourir, les choisir, comment côtoyer si proche des oeuvres ? côtoyer à les toucher, la poésie critique m’autorisera peut-être à toucher des oeuvres, va savoir, va savoir ce qu’elle va autoriser la poésie critique, …” Anne Kawala

“Et le même soir, au même endroit, ça sera aussi avec Marc Perrin, avec Ernesto et avec Spinoza, en Chine, ça sera entre Spinoza in China et la poésie critique, à Beijing, ou dans le train, où à Shangaï, peut-être sur le marché des célibataires, dans le palais de la lune face aux toiles plantigrades de Sagazan et l’espace de Baquié, ça sera là une tentative d’accoster (de voir à l’horizon ?, d’imaginer ?) là
“où le récit de voyage devient poésie sonore et visuelle (en talon aiguille, certains soirs)
où le roman se transforme en critique génétique avec moon boots et un air disco (du groupe abba)
où le féminisme et la chanson de roland et le fil d’actu afp (en chemise non repassée, mais quand même pas fripée, pas trop fripée)
où baruch spinoza et virgina woolf et gertrude stein et david antin (et tarkos et anne de bretagne et nathalie quintane et bernard et goliarda)
où le mot politique et la réalité d’un amour (et, )
où la philo et l’enfance et les nez de clown en regard de l’histoire de l’art (où sérieux et grave sont dans un bateau et va savoir si) joie et légèreté s’en mêlent ou (s’y emmêlent…)
où ton intelligence sensible et l’histoire et ta vie et celle de ta voisine (en cours)
poésie, par l’entremêlement de ces endroits dont exactitudes et vitesses côtoient lenteurs et (possibilités)” dixit Marc Perrin, et je suis d’acc, à fond d’acc, … AK

En attendant je vous souhaite à tous&toutes une excellente journée et je vous dis à très vite !!!
Axelle

Image associée : « L’Eden », papier peint panoramique, Joseph Fuchs, Manufacture Desfossé, 1861

 

Complément d'information

OÙ Lieux d’Expositions Résidences / Richard Baquié – Anne Kawala
Sur une carte, son emplacement signifié d’un X, se trouve un trésor. Hypothétique, ce trésor existe dans le motif du cheminement de qui le cherche ; cheminement comme trésor se déplacent au gré des mouvements, des indices trouvés par qui veut atteindre ce X ; c’est une quête au coeur de soi. Au coeur de OÙ : Axelle Galtier. Multiplicateur, X se démultiplie ; il est le but et constitue chacune des étapes de cette quête ; alors, sur la carte au trésor se dessine en sur&sous-jacence une constellation – celle d’artistes, musiciens, plasticiens, vidéastes, poètes – la constellation des lucioles. Vivante, elle est le sextant embarqué lors de cette expérience, cette aventure. Car OÙ, Marseille dans Marseille, n’est pas une galerie, c’est un lieu où aller, passer, rester, essayer, repartir et revenir. L’abstraction de cette géographie artistique peut exister dans cette géographie d’un port – pour tous les départs, tous les retours, toutes les rencontres, toutes les attaches ; tous les souvenirs. Tous les rêves rêvant d’autres rêveurs ; leurs rêves venant à pénétrer les siens ; tous les rêves de voyages alors et célestes et marins et terrestres ; tous les rêves de lointains pays tout proches ; tous les rêves s’amarrant à l’endroit où le voyage pourrait se suspendre, une chambre à soi. Au fond de la cour, aménagée par celle qui barre cette aventure, une cabane de jardinier est devenue cabine de marin. Peut y être pris le temps nécessaire à la résidence, au repos, au dépôt, à la sédimentation de ce qui pendant les,ce voyage,s qui dure,nt encore, a été vécu et est vivant. Elle ouvre sur une petite cour, enceinte de belles de nuit. Aux beaux jours, nombreux ici, s’invente la convivialité de temps de discussions et de projets – celle de moments de vernissages, de performances et de concerts qui débordent le pont du navire. Il respecte à la lettre les critères de contemporanéité artistique : sol gris (perle !), murs blancs, hauts plafonds. A la proue, donnant sur la rue Jean de Bernardy, subsiste de son ancien usage commerçant, une vitrine. Investie, muée vitrine-poésie, des lais imprimés viennent contre le verre. De la rue, peuvent s’y lire des textes de poètes contemporains. Hors, sont lancées lignes & amorces : à chacun des projets le requérant, OÙ permet d’inventer à celles-ci une forme éditoriale. Ainsi, comme sur un voilier, maximal et optimal sont les usages des espaces, si modestes soient-ils. N’est exclu de cet agencement que l’inessentiel – qui n’est pas le superflu. Depuis 2000, une exigence semblable guide chasse au trésor & tracé de la constellation des lucioles. Ces pasoliniens insectes ont pour bagages des géographies, des histoires, des notoriétés et des pratiques différentes ; leurs outils de navigations sont leurs réflexions et leurs oeuvres ; ils cheminent, ils cherchent, ils poursuivent cette quête au coeur de soi. Parce que leurs mouvements sont corrélatifs de la question que pose OÙ, ils participent, dans une économie propre au désir, à la vie de cet espace de résistance – résistance à comprendre comme celle qu’une voile, réglée par l’écoute, oppose au vent quand l’amure est bonne.

« … je voulais ne pas rendre [la sculpture] éternelle et puissante. »
Faut-il lire ce « je voulais » comme une excuse que Richard Baquié présentait concomitante de ce qu’il parvint à faire : rendre mémorables sa pratique et ses oeuvres – lesquelles, qui plus est, interrogent constamment le souvenir et ses traces. Deux mouvements, opposés et complémentaires, laisser passer et retenir le temps, sont ici pressentis ; davantage encore traversent ses oeuvres. Peut-être sont-ce les directions cardiales, Nord, Sud, Est, Ouest, qui disposent une Plymouth découpée dans l’espace, Amore mio, qui le traduisent le mieux ? Et si s’y additionnent la temporalité qu’engendre un hit-guimauve, la rotation d’une roue-travelling, et de multiples autres détails – qui en sont sans en être : tous appellent le regard, et cela : longuement –, c’est au centre qu’existe la tension. Si au coeur est le vide, il est plein, pleinement empli de cet Amore mio. En vie, le creux du coeur n’existe qu’ainsi : plein et puissant et contracté. Nécessité corcule : irriguer : c’est Ici ou là (1985) que toutes associations d’idées, de sentiments et de matières, de pratiques et de champs peuvent avoir lieu. Elles sont libres de passer toutes frontières afin de se mêler, de s’interroger, d’oeuvrer ensemble. A partir de là, à partir de Marseille, son port d’attache, tout pouvait être exploré. De la géographie et de l’Histoire, de ses voyages, lointains comme quotidiens, un X traverse cette oeuvre, comme emplacement d’un trésor : l’incertitude.



“Avec moi, il y a un réel écart entre ce que je veux dire et ce que j’arrive à faire. Je suis toujours “déçu”. Je travaille avec et sur cette déception.” Richard Baquié

L’artiste Richard Baquié est né le 1er mai 1952 à Marseille (France). Il décède le 17 janvier 1996 à Marseille.

Richard Baquié développe une oeuvre où se croisent peintures, photographies, sons, films, images et textes poétiques ainsi qu’assemblages d’objets industriels. Avant d’être artiste plasticien, Richard Baquié exerce plusieurs activités, notamment monteur de grues, chauffeur de poids lourds, livreur de nuit chez Kodak, professeur d’auto-école et professeur d’art plastique en école d’art.

En 1975, il entre à l’Ecole des Beaux-Arts de Luminy à Marseille. Ses professeurs sont le sculpteur Toni Grand, ainsi que les peintres Claude Viallat et Joël Kermarrec.

“Sculpteur” incontournable de la scène artistique française, Richard Baquié est souvent associé à l’image d’un “bricoleur” tant les oeuvres qu’il réalise à partir de divers matériaux qu’il assemble, manipule et transforme donne à voir des pièces vouées à disparaître ou des installations performatives ou éphémères.

Richard Baquié redéfinit la sculpture à partir des mots qu’il utilise comme une réversion aux objets.

“C’est peut-être bien là mais je n’en sais rien. Vous, vous aimeriez que ce soit ça. Alors je vous le laisse dire. Vous voudriez une vérification et moi je ne sais que construire des hypothèses … Il est dans la nature intrinsèque de toute oeuvre de ne pas répondre. Ce n’est pas une raison pour que l’artiste, lorsqu’il parle, raconte ce qu’il veut. Il y a une logique dans l’œuvre elle-même qu’il faut respecter. Et cette logique, c’est que l’œuvre excède ce que l’on peut en dire. L’artiste quand il parle, est comme le “regardeur”. Mes travaux sont des propositions, des intentions. C’est peut-être cela qui en fait ce que l’on appelle la dimension poétique ou la naïveté. En tout cas la faiblesse, la faiblesse de tout artiste.” Richard Baquié

En 1981, première performance de Richard Baquié Avion Feu, rue Berryer. En 1982, Richard Baquié propose la performance Ballon-Evénement du 29 mars 1982. En 1983, Richard Baquié organise la performance Opération Rhinocerus, Le Frioul mars 1983. En 1984, Richard Baquié entre dans la fameuse Galerie de Paris, Éric Fabre. En 1985, dans la Galerie Arogos, Nantes. En 1987, Richard Baquié participe à la Documenta 8, Cassel. La même année un solo show lui est consacré au Centre Georges Pompidou, Paris. (…). En 1987, Richard Baquié reçoit une commande publique de l’État, il construira L’Aventure à Malpassé dans le 13ème. En 1989, Richard Baquié expose à la FIAC les oeuvres Traverséé I et Traversée II présentées par le galeriste Éric Fabre. En 1990, Richard Baquié : Morphogène, exposition curatée par Bob Calle, Galerie des Arènes, Nîmes. Il est professeur de sculpture à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris de 1993 à 1996.

“J’ai toujours été séduit par le pouvoir des mots et le chiasme qu’ils produisent si vous les mettez sur le même plan que les images.” Richard Baquié



Textes : Richard Baquié

Richard Baquié – De l’importance du verbe, des mots, et de la lettre. Il est vrai que s’il est un fait presque inséparable des travaux de l’artiste, il s’agit bien de la présence des mots. En effet, toujours placés au cœur de l’œuvre, les mots confèrent aux créations de Richard Baquié, si diverses soient-elles, une puissance nouvelle, une puissance éminemment humaine. Richard Baquié avait, en ce sens, confié à Gérard Traquandi (qui précise qu’il faut manipuler avec précaution cette phrase) que « les mots sont des béquilles », sinon, que les mots sont pour lui des outils. Les mots agissent entre eux s’articulent, de même que les lettres s’articulent entre elles. L’œuvre de l’artiste marseillais se fonde, en grande partie, sur ces principes. Recherche de la certitude n°2 se présente ainsi comme un puzzle sur lequel un texte a été découpé en négatif (texte agrémenté de volutes rappelant les anches d’un violon, pourvues d’écritures, elles aussi). Il y est écrit : « Le cerveau construit des représentations identifiables à des états physiques ». Là encore, le regardeur bascule dans l’intime. Les représentations mentales qui se font, ici au travers des mots, provoquent des incidences sur le corps (états physiques). Ces dernières se font normalement à partir de la mémoire, chaque mot renvoie en conséquence son lecteur à une perception intime, laquelle agit directement sur son corps. Ici encore, il n’est pas impertinent de parler d’interactivité. Le bricolage amène à l’objet, l’objet à l’échange, en conséquence, c’est de cet objet que naît le lien social, l’expérience de l’autre, de « l’en dehors », au travers notamment du langage. Le mot est donc, encore une fois, un outil, une « béquille ». Certes, une certaine fraîcheur se dégage des œuvres de Richard Baquié, encore faut-il séparer les faits précédemment énoncés et décrits de la volonté et de la pensée de ce dernier. C’est une poésie qui peut appeler à la mélancolie, ou à la nostalgie, qui peut raviver des joies passées ou assombrir le présent de ses fantômes. Les mots sont puissants, les images choisies (mobilier de café, chaises en face à face, croix puissante qui s’impose et occupe l’espace) le sont tout autant, il s’agit bien ici d’une poésie dont le procédé est celui de métaphore ouverte. Cependant, il ne faut pas y voir trop loin, ces éléments ne sont pas d’ordre métaphysique, l’artiste ne recherche pas le fond commun à l’Humanité, le mythe premier. Encore une fois, il faut se rappeler que Richard Baquié est un artiste marseillais. La cité phocéenne est une ville portuaire où depuis l’Antiquité transitent des individus venus de loin, un lieu cosmopolite au plus haut point. Mais un lieu aussi où règne le chaos, ce que l’artiste nommait « le désordre à l’italienne », la précarité, le soleil y sont rudes, ils exacerbent la misère commune et, dans le cas de cette ville, presque « ordinaire ». Ces faits sont d’une importance capitale, Richard Baquié, en effet, tire sa poésie du lieu où il vit, non de mythologies contemporaines communes et déracinées. Il dit : « Ce sont des questions que je me pose, non pas sur ma vie, mais sur le lieu où je vis ». Néanmoins, ce lieu de vie, à l’image de la situation artistique postmoderne, demeure lieu de l’accumulation des fragments, de la juxtaposition des plus fortes contradictions, de l’éphémère, peut-être même du « capharnaüm », de ce désordre, ordonné selon une logique imperceptible. Quoi qu’il en soit, le point central de l’œuvre de Richard Baquié part de ce carrefour, de ce croisement d’origines, de destinations et de destinées.
Si poésie il y a chez Richard Baquié, c’est avant tout la poésie du voyage, l’aventure.

Autres artistes présentés

Marc PERRIN

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Partenariat avec le FRAC PACA, le CIPM, Perspective Trouble

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Dernière mise à jour le 13 octobre 2022