Nein, Onkel !

Instantanés d’un autre front, 1938 – 1945
Exposition
Photographie
Musée Nicéphore Niépce Chalon-sur-Saône

Bretagne, 1942 © Archive of Modern Conflict

Un officier allemand cueillant un petit bouquet de fleurs, des soldats de la Wehrmacht admirant un coucher de soleil, ou câlinant de jeunes chiots, les loisirs de l’armée allemande à l’arrière du front… Autant d’images qui, par ce qu’elles évoquent, mais ne montrent pas, provoquent le malaise et demeurent les ultimes tabous de notre époque. Loin de la polémique suscitée par la récente exposition des clichés de propagande du photographe André Zucca, « Nein, Onkel ! » propose d’étudier un corpus inattendu et quasi inconnu du public français. Après deux expositions consacrées aux guerres de 1870 et de 1914-1918, le musée Nicéphore Niépce poursuit son exploration de la photographie en temps de guerre. « Nein, Onkel ! » présente une sélection de près de 300 clichés amateurs, pour certains en couleur, issus du fonds londonien « Archive of Modern Conflict » et de collections privées anglaises et allemandes. Photos-souvenirs des soldats de la Wehrmacht, ces images dressent un portrait inédit de la machine militaire allemande durant la Seconde Guerre mondiale : des hommes ordinaires, fainéants, aimant rire ou se travestir. Une vision opposée à la représentation habituelle, de la Blitzkrieg, du régime totalitaire et du diable en uniforme. La photographie en temps de guerre En 1939, les usages de la photographie expérimentés lors de la Première Guerre mondiale et développés pendant la guerre d’Espagne, sont exploités dès les premiers conflits déclenchés. Chaque pays dispose d’un service photographique qui tente de démontrer la supériorité de ses armées. La photographie devient propagande, instrument de pouvoir. Les PK (les compagnies de propagande allemandes) utilisent leurs images pour louer la suprématie de la Wehrmacht. Une diffusion massive d’images est alors organisée pour inonder les magazines illustrés ; une propagande d’une redoutable efficacité qui se substitue totalement à l’information et qui participe de l’esthétique et de la mise en scène nazie. Les magazines relayent des images idylliques de la guerre et de l’occupation. Toutes les images sont contrôlées de façon draconienne, soumises à une autorisation de diffusion. La censure interdit toute circulation de clichés amateurs. Les seules photographies passant le contrôle du courrier, illustrent la vie quotidienne des soldats et se bornent à rassurer les familles. L’important c’est le hors-champs Des petits moments de bonheur, un mélange insolite de riens, cette accumulation d’instantanés heureux enjolivent le souvenir d’une réalité de guerre. Conservées dans des albums, dans des boîtes à chaussures, ces photographies recomposent un passé rendu inadmissibles à nos yeux. Elles ne laissent voir que les instants dont le soldat souhaite se souvenir. Une mémoire sélective sur papier que celui-ci montrera à ses proches au retour de la guerre (Le titre « Nein, Onkel » évoque la réponse donnée par de nombreux jeunes allemands des années 60 à leurs oncles, anciens combattants, désirant montrer leurs albums souvenirs). Mais, face à ces images, personne n’oublie que les sourires dissimulent les horreurs de la guerre. Alors que ces officiers de l’armée allemande semblent mener une vie paisible, sous le soleil, la « solution finale » est en marche. Ces photographies ne montrent qu’une facette limitée, une vision partielle et subjective de la guerre, qui au finale semble tue. La photographie est muette. La banalité du mal Ces clichés bousculent l’image mentale que l’on a de la Wehrmacht. Ne transparaissent ici que des hommes ordinaires, des allemands moyens. La question du génocide se fait alors encore plus terrifiante. Celui-ci n’est pas seulement le fait de quelques détraqués du régime nazi. Il est une entreprise d’Etat, une opération mise en œuvre par le commun des mortels. Sous les régimes totalitaires, les hommes qui choisissent d’accomplir les actes les plus monstrueux, sont-ils finalement si différents de nous ? Les photographies regroupées dans l’exposition « Nein, Onkel ! », dont l’amateurisme rappelle nos propres albums de famille, sont en contradiction avec la vision habituelle de cette période de l’Histoire. Elles détruisent alors peu à peu le mur de défense que nous nous sommes créé pour nous distinguer de l’ennemi barbare. Les photographies de l’exposition sont reproduites dans le livre « Nein, Onkel - Snapshots from another front 1938 – 1945 » édité par Ed Jones et Timothy Prus (Archive of Modern Conflict, Londres, 2007). Cet ouvrage a reçu le prix du meilleur livre historique aux rencontres photographiques d’Arles, 2008.

Partenaires

Exposition réalisée avec le concours de « Archive of Modern Conflict », Londres.

Horaires

Tous les jours sauf le mardi et les jours fériés 9 h 30 … 11 h 45 / 14 h … 17 h 45 Entrée libre

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Musée Nicéphore Niépce 28 Quai des Messageries 71100 Chalon-sur-Saône France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022